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De Lamentations de Jérémie.
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Courte histoire des Lamentations
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= <span style="color:#FF0000;>Courte histoire des Lamentations de Jérémie</span> = L'Office des Ténèbres se place au cours des trois jours de la Semaine Sainte dont on ne parle que des souffrances de Jésus-Christ. Pour illustrer cette période de trois jours, le ''triduum sacrum'', l'Église a choisi entre les Psaumes ceux qui prédisent les circonstances de la Passion du Christ. Dans le même esprit, elle a emprunté au prophète Jérémie les lectures ou leçons des trois premières nocturnes de chaque jour de ce ''triduum sacrum. La désolation de Jérusalem, si vivement dépeinte, par le Prophète, est une image bien vraie de l'état affreux auquel le péché nous avait réduits''<sup>[[#1]]</sup>. Le livre des Lamentations de Jérémie est classé dans le canon juif parmi les Écrits<sup>[[#2]]</sup> avec pour nom ''Eykab''<sup>[[#3]]</sup> ou ''Qînôt''<sup>[[#4]]</sup> qui signifie ''Comment'' ! C'est le quatrième des Cinq Rouleaux (''Megilloth''<sup>[[#5]]</sup>). Dans la Septante<sup>[[#6]]</sup> ou la Vulgate<sup>[[#7]]</sup>, version utilisée par les catholiques, ces Lamentations figurent après le livre de Jérémie parce que, depuis longtemps, on les attribue à ce prophète<sup>[[#8]]</sup>. Ce livre est une ''qina'', genre littéraire habituellement rendu par le terme élégie. C'est un ''mégilat qinot''<sup>[[#9]]</sup>, le rouleau des élégies. ''Eikha'', ou le rouleau des Lamentations, est l'expression d'un profond chagrin concernant la destruction à deux reprises du Temple de Jérusalem : 586 avant Jésus-Christ<sup>[[#10]]</sup> et 68 après Jésus-Christ<sup>[[#11]]</sup>. Jérémie rappelle les conséquences inévitables de la désobéissance que toutes les occurrences plaintives décrivent avec force et conviction, avec 154 versets qui ne se répètent pas une seule fois<sup>[[#12]]</sup>. Moïse l'avait prédit : ''Yahvé prendra autant de jouissance à votre perte et à votre destruction qu'il en avait trouvé à faire votre bonheur et à vous multiplier !'' (Deutéronome 28:63). Le non-croyant peut voir dans l'effondrement des nations, au travers de ce livre biblique, le résultat de l'aveuglement humain. Selon Jérémie et beaucoup de compositeurs, encore de nos jours, la chute d'une nation provient de sa surdité à l'égard du message de Dieu. C'est un sujet qui mérite de rester à l'esprit de tout individu. C'est sans doute une des raisons pour laquelle les compositeurs contemporains écrivent encore sur ces textes. Jérémie (627 BC – 587BC) est un prophète originaire d'Anatoth, le 2ème des Grands Prophètes avec Isaïe et Ézéchiel. Toute sa vie durant, il lutte contre le formalisme du culte et fustige les prêtres, les faux prophètes et les rois Josias, Joachim et Sédécias dont il rend responsables des malheurs d'Israël. Il vivait à une époque où les gens oubliaient Dieu, et c'est pour cela qu'il suppliait Dieu de ne pas les oublier. C'est lui qui annonce la destruction de Jérusalem. Il dira plus tard qu'il était né pour la malédiction. Il termine sa vie en Égypte. Jérémie, persécuté plus que tout autre, est considéré par la tradition chrétienne comme le prophète de la Passion du Christ. C'est une des raisons pour laquelle la lecture de ses Lamentations a été introduite au cours de la semaine qui précède la fête de Pâques pour traduire plus intensément le drame du Calvaire. == Jérémie, auteur des Lamentations ! == L'Analyse des textes<sup>[[#13]]</sup> laisse subsister un doute sur leur homogénéité d'écriture (il y aurait peut-être plusieurs auteurs) et sur leur date de rédaction (plusieurs textes seraient sans doute antérieurs à 587). Sans rentrer dans de grandes considérations auxquelles Gilbert Brunet s'est adonné<sup>[[#14]]</sup>, rappelons tout simplement que cette analyse fait ressortir une idée de ''grandeur détruite'' et non de ''sanctuaire détruit''. Attaché au roi Sédécias et à la Jérusalem ''officielle'', l'auteur de ces lamentations serait donc un nationaliste, qui avait confiance en Dieu et qui tombe de haut. Ce ne peut être Jérémie, protégé par les envahisseurs chaldéens, qui prédisait au contraire la chute de Jérusalem. Ainsi, comme le dit Gilbert Brunet, l'auteur : :1. ''est nationaliste'' ; :2. ''ne prévoyait pas la défaite'' ; :3. ''n'a pas été du parti pro-chaldéen, et a probablement été mis en prison sous le règne de ce parti'' ; :4. ''est fidèle à la mémoire de Sédécias'' ; :5. ''a le respect des hiérarchies traditionnelles et est pour l'ordre ancien'' ; :6. ''est sympathique à l'élément militaire et était pour la résistance'' ; :7. ''est ardemment yahviste'' ; :8. ''se reconnaît du parti responsable'' ; :9. ''est un minoritaire.'' Ce portrait ne correspond pas tout à fait à celui de Jérémie. Le poète, qui aurait composé ces ''Lamentations'', serait du camp opposé à celui de Jérémie. Il s'agirait d'un prêtre ou d'un grand prêtre. L'hypothèse du grand prêtre Serayah, homme de grande culture poétique, sera même soulevée puisqu'il était contre Jérémie. Par recoupement avec la connaissance historique des faits, il semble que ces Lamentations auraient été écrites entre le 9 de Tamouz et le 7 d'Av, c'est-à-dire entre l'arrivée et l'occupation de Jérusalem par les Chaldéens et celle de Nebouzaradan qui détruisit le Temple, les maisons des notables, et les remparts, et déporta tout le peuple. Les quatre premiers chapitres auraient donc été écrits en moins de 28 jours<sup>[[#15]]</sup>. Jérusalem est alors une ville occupée, affamée et occupée. C'est ce qui explique le ton pris tout au long des versets. Il ressortirait également de cette analyse que l'ordre initial des ''Lamentations'' aurait été modifié : chronologiquement, il serait dans la suite suivante IV, I, II, III. Quelques versets ont même, semble-t-il, subi des altérations, du reste mineures, par rapport à l'ensemble de l'œuvre. Quant à la ''Lamentation V'', elle serait d'une époque postérieure, rédigée au moment de l'exil, et d'un auteur différent. Alors, pourquoi avoir attribué ce livre biblique à Jérémie ? Gilbert Brunet pense qu'il fut attribué à Jérémie par l'instinct d'un peuple vaincu, détestant son passé récent, et qui avait besoin, pour refaire son unité, de se forger une légende. Cet écrit, d'un adversaire de Jérémie, est curieusement passé entre les mains d'un antagoniste. Curieux rapt littéraire ! Ce prophète reste néanmoins pour la postérité le témoin d'une religion du cœur qui repose sur les relations entre le croyant et son Dieu. Ses prières qui ne sont pas des jérémiades révèlent qu'au sein même des pires souffrances le fidèle peut rester en communion avec le Dieu de son peuple. == Ce texte n'est pas unique == Le thème des lamentations se retrouve également dans le psaume 79 dont l'écriture est bien antérieure. En voici le texte<sup>[[#16]]</sup> : :1. Dieu :les autres nations rentrent maintenant dans ton domaine :Elles ont sali ton temple saint :elles ont ruiné Jérusalem :2. Elles livrent le corps de tes serviteurs aux oiseaux du ciel :La chair de tes amis :aux bêtes de la terre :3. Elles répandent le sang :comme de l'eau autour de Jérusalem :Et personne ne creuse :4. Nous sommes la honte de nos voisins :rires et mépris de tous ceux qui nous entourent :5. Jusqu'à quand Yhwh ta colère :pour toujours ? :Ta jalousie va-t-elle brûler comme un feu ? :... Ce genre de plaintes se retrouve dans différents livres de la Bible, c'est vrai dans le livre de Jérémie aux versets 7:29, 9:9, 9:20 ou 31:15, ensuite dans celui d'Ezéchiel aux versets 2:10, 19:1, 26:17, 27:2, 27:32, 28:12, 32:2 et 16, etc., celui de Joël aux versets 2:12, celui d'Amos aux versets 5:16 et 8:10, celui d'Esther au verset 9:31, celui de Matthieu au verset 2:18, etc. Les Lamentations de Jérémie sont traditionnellement chantées aussi dans les synagogues et au mur des Lamentations à Jérusalem comme le raconte si bien Pierre Loti dans son compte rendu de son voyage en Palestine<sup>[[#17]]</sup> en 1894 : ''c’est le vendredi soir, le moment traditionnel où, chaque semaine, les juifs vont pleurer, en un lieu spécial concédé par les Turcs, sur les ruines de ce temple de Salomon'', qui ne sera jamais rebâti. ''Après les terrains'' vides, ''nous atteignons maintenant d’étroites ruelles, jonchées d’immondices, et enfin une sorte d’enclos, rempli du remuement d’une foule étrange qui gémit ensemble à voix basse et cadencée. Déjà commence le vague crépuscule. Le fond de cette place, entourée de sombres murs, est fermé, écrasé par une formidable construction salomonienne, un fragment de l’enceinte du Temple, tout en blocs monstrueux et pareils. Contre la muraille du Temple, contre le dernier débris de leur splendeur passée, ce sont les lamentations de Jérémie qu’ils redisent tous, avec des voix qui chevrotent en cadence, au dandinement rapide des corps.'' Les cinq chapitres des Lamentations de Jérémie traitent tous au fond du même sujet. Il y a cependant des nuances et une graduation dans le traitement dudit sujet. == L'agencement du contenu des Lamentations == Le livre des Lamentations de Jérémie comprend cinq chapitres ou chants regroupant pour chacun d'eux des poésies thématiques dont on peut noter l'absence d'homogénéité d'écriture. C'est ainsi que le chapitre I décrit les maux qui sont tombés sur Jérusalem à cause de ses péchés. L'auteur pleure le fait affligeant pour tout israélite de la ruine de Jérusalem et la désolation de la ville et fait une antithèse de son état glorieux (versets 1:1 à 11). Il implore ensuite la pitié des hommes et le pardon de Dieu (versets 1:12 à 22). Dans le second, il peint un tableau de la cité de Dieu en ruine, décrit les horreurs du châtiment divin, déplore les calamités de Jérusalem et montre dans la juste colère divine la raison du châtiment infligé (versets 2:1 à 12) et prend à témoin les souffrances de son peuple qu'il invite à faire pénitence (versets 2:13 à 22). Avec ces deux premiers chapitres, la douleur reste sans consolation. Avec le troisième, la clarté ou l'espoir commence à poindre. L'auteur médite sur la soumission au jugement de Dieu, sur sa confiance en sa miséricorde, et se recueille profondément. Malgré la cruelle punition infligée à la ville sainte (versets 3:1 à 21), Jérusalem, l'auteur redit sa confiance en Dieu pour écraser ses ennemis (versets 3:22 à 66). C'est le thème du chapitre 3. Au chapitre IV, l'auteur se replonge dans le souvenir de toutes les horreurs du siège de Jérusalem, relate le triste sort réservé aux nobles et aux princes de Jérusalem (versets 4:1 à 12), à cause des iniquités des prêtres et des faux prophètes qui ont engendré le courroux divin (versets 4:13 à 20), les deux derniers versets (4:21 et 22) étant une menace à l'adresse du peuple de l'Idumée<sup>[[#18]]</sup>. La prière du dernier chapitre évoque d'une façon émouvante les malheurs d'Israël sous l'oppression des Egyptiens et des Assyriens (versets 5:1 à 18) et le prophète Jérémie sollicite l'aide de Dieu avec insistance pour qu'il daigne rétablir Jérusalem dans son ancienne splendeur (versets 5:19 à 22). Quels que soient les auteurs de ces lamentations, il faut remarquer l'extraordinaire force qui se dégage du texte qui est en quelque sorte une forme extensive des chants de deuil appliqués non pas à une personne physique mais à une nation entière voire au monde. Lorsqu'on regarde en détail les chapitres, on remarque que tous suivent une structure métrique composée d'autant de versets que de lettres alphabétiques hébraïques, c'est-à-dire 22. Chaque strophe est précédée d'une lettre sémitique, sorte d'acrostiche qui avait pour but de se remémorer l'ordre à respecter. Ce vieux procédé mnémotechnique est restée tel quel à travers le Moyen Âge jusqu'à nos jours et n'a pas fait l'objet de traduction. C'est ainsi qu'on trouve successivement les lettres Aleph (א), Beth (ב), Ghimel (ג), Daleth (ד), He (ה), Vau (ו), Zain (ז), Heth (ח), Theth (ט), Jod (י), Caph (ך), Lamed (ל), Mem (מ), Nun (נ), Samech (ס), Ain (ע), Phe (פ), Sade (צ), Coph (ק), Res (ר), Sin (ש) et Thau (ת). On pense que les lettres ont été conservées dans leur langue d'origine, parce que, dans une traduction latine ou autre, l'ordre alphabétique n'aurait pu être respecté. Les strophes, à l'origine des distiques élégiaques qui suivaient le rythme de la complainte funèbre, la ''qênâh'', sont formées d'un hémistiche bref et d'un hémistiche long alternés. Exemple du 1er verset du Chapitre I des Lamentations : :איכה ישבה בדד העיר רבתי עם היתה כאלמנה רבתי בגוי :שרתי במדינות היתה למס׃ Notons toutefois que seul le premier chapitre respecte cette logique parfaite. Dans les chapitres II à IV, par exemple, les lettres ''Phe'' et ''Ain'' sont inversées. Le chapitre central III comprend 66 versets, soit 3 fois 22 acrostiches, car les versets débutant par chaque lettre y sont triplés. Ou encore, il n'y a pas d'acrostiches aux 22 versets du dernier chapitre V. L'acrostiche incantatoire représente pour le compositeur, à partir du moyen âge, une occasion de laisser libre cours à son imagination créatrice en annonçant le texte qui suit mais en s'écartant de la rigueur de son contenu. Il fait presque toujours l'objet de mélismes, longs ou courts, sous forme de vocalises très élaborées à une ou plusieurs voix. La reprise partielle des textes et leur répartition sur les leçons des premiers Nocturnes de chacun de ces trois jours permettent de voir le désolant spectacle qu'offrit la ville de Jérusalem, lorsque son peuple eut été emmené captif à Babylone, en punition de son idolâtrie. Les trois premières leçons du 1er Nocturne du Jeudi Saint et les deux premières de celle du Vendredi Saint expriment la colère de Dieu empreinte sur ces ruines que Jérémie déplore avec des paroles si vraies et si terribles. Dans la troisième leçon du 1er Nocturne du Vendredi Saint, Jérémie change de sujet. Selon l'usage de tous les Prophètes, il s'interrompt pour parler du Messie, la grande préoccupation d'Israël. Mais ce n'est pas le Messie triomphant qu'il offre à nos regards, c'est le Fils de l'homme, objet du courroux de Dieu, parce qu'il porte en lui les péchés du monde entier. La première leçon du 1er Nocturne du Samedi Saint se rapporte encore au Christ. Elle exprime sa fidélité à Dieu et sa touchante résignation. Les soufflets qu'il reçut durant sa Passion y sont prédits. La seconde leçon reprend le ton de l'élégie sur les malheurs de Jérusalem et la gravité des crimes de cette cité ingrate y est exprimée dans les termes les plus énergiques. La dernière leçon est formée d'une partie de la prière que Jérémie adresse à Dieu pour le peuple Juif, après l'avoir vu emmener en captivité. Rien n'égale la désolation du tableau qu'elle retrace des infortunes auxquelles est en proie la nation déicide<sup>[[#19]]</sup>. == Jerusalem, convertere ad Dominum Deum tuum == Chaque leçon du ''Triduum Sacrum'' de la Semaine Sainte s'achève sur un texte du Livre d'Osée (14:2), l'un des douze petits prophètes : ''Jerusalem, Jerusalem, convertere ad Dominum Deum tuum'', '''Jérusalem, Jérusalem, convertis-toi au Seigneur votre Dieu'''. Ce texte, qui n'appartient pas au texte originel des Lamentations, est parfaitement adapté au contexte liturgique. Il conclut chaque Leçon des Lamentations. Ce texte conclusif a toujours fait l'objet d'un traitement particulier de la part des compositeurs. On aurait pu reprendre le verset 21 du chapitre V des Lamentations dont le début du texte "''Fais-nous revenir vers toi, ô Éternel''" rappelle le même sujet c'est-à-dire au retour du peuple vers Dieu. Cet appel est une réponse aux évocations terribles des lamentations. Mais finalement c'est le texte d'Osée qui a été retenu. Il appelle au repentir : ''Reviens Israël près de Jahvé ton Dieu car tu as trébuché sur ta faute''. La traduction latine a préféré utiliser le mot ''convertere'' pour appeler le peuple juif à se convertir au Seigneur et à se faire baptiser dans le Christ. Selon Frans C. Lemaire<sup>[[#20]]</sup>, dont le dessein dans son ouvrage était de démontrer la fatale destinée juive, ''il faut interpréter cet appel à la conversion des Juifs dans le triple contexte de l'antijudaïsme théologique dans le débat d'idées, de sa réception populaire dans la réalité historique et d'une évolution qui va faire du judaïsme, entre le XIII<sup>e</sup> et le XVI<sup>e</sup> siècle, l'ennemi principal du christianisme''. Mais c'est là une interprétation qui n'engage que son auteur. Toutefois, il faut bien admettre que cette proclamation reproduisait une forte tension entre l'Église catholique et la communauté juive, la destruction des exemplaires du Talmud depuis le XIIIe siècle étant une traduction de cette tension. D'ailleurs, deux siècles plus tard, le cardinal Pietro Ottoboni (1667-1740), poète et dramaturge aimant le faste, continue le combat contre la communauté juive en accentuant encore plus les traductions (italiennes) des textes de Jérémie et d'Osée. C'est ainsi que l'on trouve dans le livret de son oratorio ''Per la Passione di Nostro Signor Gesù Cristo : La Colpa, il Pentimento, la Grazia'' (le Péché, le Repentir et la Grâce), livret écrit en 1706-07, oratorio composé par Alessandro Scarlatti et exécuté le mercredi saint de l'année suivante<sup>[[#21]]</sup>, des textes lourds d'accusation : {| border="1" ! '''Texte biblique''' (trad. E. Dhorme, La Pléiade<sup>[[#20]]</sup>)!! '''Texte italien du cardinal P. Ottoboni''' (trad. F. Lemaire) |- |'''Lamentation 1:1''' – Comme elle est assise à l'écart la ville populeuse... |Comme elle demeure solitaire la malheureuse Sion qui n'est remplie que du peuple infidèle, impie et cruel. |- |Jérusalem, Jérusalem, convertis-toi au Seigneur ton Dieu (3 fois dans chaque Nocturne) |Jérusalem repentante (7 fois) :demande pitié à ton Dieu (3 fois) :Jérusalem retourne (3 fois) :vers la divinité que tu as offensée :Jérusalem, fille ingrate (3 fois) :retourne vers le Père et Seigneur qui t'appelle. |} Dans les années 1960, après le rapprochement de la Pologne et de l'Allemagne faisant suite au concile de Vatican II, la Radio allemande WDR commanda à Krzysztof Penderecki une ''Passion selon saint Luc'', exécuté en 1966 au cours d'une cérémonie de réconciliation, dans laquelle on trouve à deux reprises la phrase apocryphe ''Jerusalem, Jerusalem, convertere''. Ainsi, ce texte d'Osée retiré de son contexte initial, a pris une signification première pour conclure chaque Leçon des Ténèbres, mais également a été élargi vers une signification politique pour envoyer un message de paix et de conversion. == Élégie, thrène, plainte… == La ''lamentation'' est une élégie qui ne doit pas être confondue avec le ''thrène'' qui est un hymne funèbre chanté sur un mort ou en l'honneur des morts même si certains compositeurs comme Igor Stravinsky a utilisé ce terme pour appeler sa composition inspirée des Lamentations de Jérémie, ''Threni : id est lamentationes Jeremiæ prophetæ''. Elle ne doit pas être confondue non plus avec celui de ''plaintes'', du latin ''planctus'', qui est un ''témoignage de douleur ou d'affliction qu'on rend extérieurement'' (Furetière, Dictionnaire universel, 1690). Mais on peut toutefois considérer que le verset 1:2 ''Plorans ploravit in nocte'' des Lamentations de Jérémie est une plainte. :''Elle a pleuré toute la nuit, & ses larmes ont coulé le long de ses jouës :'' :''De tous ses amis, il n'y en a pas un qui la console :'' :''Ils l'ont tous méprisée, & se sont déclarez ses ennemis''. Didier Lupi Second utilise la ''complainte'' sur le ton de la confidence intime pour traiter ses Lamentations de Jérémie , mais ce genre largement utilisé au XVe siècle n'a pas eu de suite peut-être parce qu'il n'avait pas de forme définie. :O vous qui par cy passés, Làs pensés : A mon torment miserable : : Voyés s'il y a douleur, Ou malheur : A ma tristesse semblable. : :Car mon Dieu m'a vendangée, Et rangée : En estat contaminé, : Ainsi qu'au iour de son ire, Par son dire : Il avoit determiné. :''(verset 1:12 traduit du texte biblique par Guillaume Gueroult)''. ---- <span id="1"><small>''1. Office de la quinzaine de Pâques à l'usage de Rome'', Mame & Fils, Tours, 1887.</small></span> <span id="2"><small>''2. Les Écrits (en hébreu, Ketûbim) réunissent un ensemble de livres qui n'appartient ni à la Torâh ou Loi (Pentateuque : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome) ni aux Nebum ou Prophètes (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Josué, Juges, Samuel, 1 et 2 Rois et les douze prophètes mineurs : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahoum, Habaqouq, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie). Ils forment la partie hagiographe ou Ketoubim de la Bible juive qui comprend les Psaumes, Job, les Proverbes, les Cinq Rouleaux (Cantique des cantiques, Ruth, les Lamentations, Qohélet, Esther), Daniel, Esdras, Néhémie et les Chroniques.</small></span> <span id="3"><small>''3. ''Eykab, eikah, êkah'' ou ''Comment'' est le premier mot du livre.</small></span> <span id="4"><small>''4. ''Qînôt'' ou ''Complaintes''.</small></span> <span id="5"><small>''5. Pluriel du mot hébreu ''megillâh'', ''rouleau''.</small></span> <span id="6"><small>''6. Septante : la traduction complète de l'Ancien Testament réalisée vers le III<sup>e</sup> siècle avant Jésus-Christ a été attribuée à soixante-douze savants juifs d'Alexandrie (six de chacune des douze tribus) réunis en un ''politeuma'', légende rapportée par la Lettre d'Aristée, ce qui vaut le nom de Septante à cette traduction.</small></span> <span id="7"><small>''7. Vulgate : la traduction partielle (et contestée) en latin des principaux textes massorétiques de l'Ancien Testament par Saint Jérôme, réalisée entre 392 et 405, ne s'impose qu'au XI<sup>e</sup> siècle et fut surnommée la Vulgate, la version commune (''vulgata versio'').</small></span> <span id="8"><small>''8. On lui attribue cette paternité parce que le second Livre des jours, 2 Chroniques (35, 25) indique que Jérémie compose une plainte sur Josias et qu'on trouve ces chants dans les Lamentations. Il s'agit sans doute d'une erreur d'interprétation car le texte des Lamentations ne mentionne jamais ce roi de Juda.</small></span> <span id="9"><small>''9. ou ''méguilate quinote'' ou tout simplement ''quinote'', précédemment appelé ''séfer quinotes''.</small></span> <span id="10"><small>''10. Le Temple construit par Salomon entre 972 et 933 avant Jésus-Christ sera détruit en 587 avant Jésus-Christ. Ce sera également la fin du royaume de Juda. Ce Temple est en fait un ensemble de bâtiments bordé de portiques autour d'un parvis. Le sanctuaire comprend le ''lieu saint'' (seuls les prêtres peuvent y pénétrer) et le ''lieu très saint'' (seul le Grand Prêtre peut entrer le jour du Grand Pardon).</small></span> <span id="11"><small>''11. A cause des troubles, l'Empereur Néron dépêche le général Vespasien et son fils Titus pour rétablir l'ordre à Jérusalem. Les juifs s'enferment dans le Temple assiégé. Le 29 août 70, un légionnaire met le feu dans le somptueux édifice d'Hérode le Grand (19 avant Jésus-Christ) qui ne sera plus jamais reconstruit.</small></span> <span id="12"><small>''12. 22 versets pour chacun des chapitres 1, 2, 4 & 5 et 66 pour le chapitre 3. </small></span> <span id="13"><small>''13. Voir notamment ''Les Lamentations contre Jérémie'', réinterprétation des quatre premières Lamentations, Gilbert Brunet, Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes publiée sous les auspices du Ministère de l'Education Nationale, Sciences religieuses, vol. LXXV, PUF, 1968.</small></span> <span id="14"><small>''14. Brunet, op. cité, pp. 19 et s.</small></span> <span id="15"><small>''15. Ce cas n'a rien d'exceptionnel, puisque Jean Cassou, poète et écrivain, avait composé ses ''Trente-trois sonnets composés au secret'', de tête, car il n'a pas le droit d'écrire, au cours des 66 nuits passées au secret à la prison de Furgole, à Toulouse.</small></span> <span id="16"><small>''16. La Bible "des écrivains". Bayard, Paris. Mediaspaul, Montréal. 2001.</small></span> <span id="17"><small>''17. ''Jérusalem'', Pierre Loti, Éd. Nelson, Paris, s.d.</small></span> <span id="18"><small>''18. ''Idumée'' : nom ancien du pays d'Edom ou sud de la Judée. Les édomites qui peuplent ce pays étaient soumis à Israël par David.</small></span> <span id="19"><small>''19. ''L'Année Liturgique, La Passion et la Semaine Sainte'', R. P. Dom Prosper Guéranger, Paris, 1892.</small></span> <span id="20"><small>''20. ''Le destin juif et la musique, trois mille ans d'histoire'', Frans C. Lemaire, Les Chemins de la musique, Fayard, Paris, 2001, p. 153.</small></span> <span id="21"><small>''21. L'ensemble ''La Stagione'' de Francfort sous la direction de Michael Schneider a enregistré cette œuvre en 1991 (Capriccio).</small></span> <span id="22"><small>''22. ''La Bible. L'Ancien Testament'', Edouard Dhorme, Éd. La Pléiade, NRF, 1956.</small></span> <span id="1"><small>''1. Texte</small></span> <span id="1"><small>''1. Texte</small></span> <span id="1"><small>''1. Texte</small></span>
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