Giovanni Pierluigi da Palestrina

De Lamentations de Jérémie.

Version actuelle en date du 1 juillet 2020 à 06:19

[Joannem da Palestrina, Praenestino, Ioannis Petri Loisij Praenestini, Petrus Loysius Praenestinus, Giovanni de Praeneste, Giannetto, Gianetto da Palestrina, Maître Giovannetto, Jo. Pe. Aloysius Praenestinus, Ioannis Petri Aloysi Praenestini, Giovanni Petra Alovisio, Johanni Petroloysio, Giovanni Petraloysio, Iohannis Petraloysii, Ioannes Petrus Aloysius Praenestinus, il Palestrina]

(Palestrina ~1525 – Rome 1594)

Compositeur italien, il effectue sa formation musicale à la maîtrise de Santa Maria Maggiore avec Robin Mallapert en 1538-39, un certain Robert (Févin ?) en 1540 et Firmin Lebel, occupe la charge d'organiste en 1544 à la cathédrale de San Agapito dans la ville de Palestrina, est nommé en 1551 magister cantorum de la Cappella Giulia en succédant à Robin Mallapert, puis magister cappellae en 1553, est introduit par le très tolérant pape Julius III à la Cappella Sistina en 1555 bien qu'il soit marié et sans le consentement des autres chanteurs mais le pape Paul IV, plus intransigeant, le raye des listes la même année, prend la succession de Paolo Animuccia comme maestro di cappella de la grande église de San Giovanni Laterano, poste qu'il occupe jusqu'en 1560, retourne l'année suivante à la basilique de Santa Maria Maggiore, accepte en 1566 le poste de maestro du Seminario Romano, prend de plus entre 1567 et 1571 la direction de la musique du Cardinal Ippolito II d’Este à Tivoli, reprend le poste à la Cappella Giulia, position qu'il conserve jusqu'à sa mort.

Il sut réconcilier les objectifs fonctionnels et esthétiques de l'église catholique au cours de la période post-tridentine, tout en donnant à son propre style une stature comme un modèle de perfectionnement achevé. Ainsi, comme le Concile de Trente voulait l'intelligibilité des paroles et une musique en rapport avec le texte, il écrit une messe appelée Messe du pape Marcel qui demeure un des sommets de son œuvre puisqu'il répond aux impératifs du concile, messe supervisée par les cardinaux Charles Borromée et Vitelli chargés de contrôler les nouvelles directives qui la déclarèrent stilo ecclesiastico.

Hector Berlioz^#1 appréciait peu la musique de Palestrina et fut même très sévère. Selon lui les 32 chanteurs du pape, incapables de produire le moindre effet et même de se faire entendre dans la plus vaste église du monde, suffisent à l'exécution des œuvres de Palestrina dans l'enceinte bornée de la chapelle pontificale ; nous dirons [...] que cette harmonie pure et calme jette dans une rêverie qui n'est pas sans charme. Mais ce charme est le propre de l'harmonie elle-même, et le prétendue génie des compositeurs n'en est pas la cause, si toutefois on peut donner le nom de compositeurs à des musiciens qui passaient leur vie à compiler des successions d'accords comme celle-ci qui fait partie des Improperia de Palestrina [...]. Dans ces psalmodies à quatre parties, où la mélodie et le rythme ne sont point employés, et dont l'harmonie se borne à l'emploi des accords parfaits entremêlés de quelques suspensions, on peut bien admettre que le goût et une certaine science aient guidé le musicien qui les écrivit ; mais le génie ! allons donc, c'est une plaisanterie (pp. 243 et s. Vol 1).

Ce ne fut pas le cas de Richard Wagner qui donna l'occasion de s'exprimer sur son art : pour porter l'art du chant à son expression la plus élevée, l'esprit chrétien inventa l'harmonie polyphonique sur la base de l'accord vocal. A quelle sublime profondeur, jamais ressentie jusque ici, la mélodie réussit à atteindre, nous le voyons dans les admirables chefs-d'œuvre de la musique d'église italienne. Ils produisent en nous un effet si prodigieusement émouvant qu'aucun art ne saurait leur être comparé.

Même Victor Hugo y est allé de son écriture :

Puissant Palestrina, vieux maître, vieux génie,

Je vous salue ici père de l'harmonie :

Car ainsi qu'un grand fleuve où boivent les humains

Toute cette musique a coulé de vos mains.

Les 62 lamentations comprennent :

La 1^ère édition de ses lamentations se situe en 1588 : Lamentationum Hieremiae prophetae, liber primus cum quatuor vocibus. Romæ, apud Alex. Gardanum, 1588. (RISM P 742) (D-Rp, SATB ; GB-Lbm, B), la 2^nde l'année suivante, Venezia, erede di Girolamo Scotto, 1589. (RISM P 743) (D-Rp, T ; D-W, SATB ; I-Lc ; I-Ps ; I-Rvat, S). Elle était dédiée au pape Sixte Quint. Les deux autres livres n'ont été publiés que 2 siècles et demi plus tard bien que l'un d'eux était en usage à la basilique Saint-Jean de Latran, où le manuscrit est encore conservé.

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1. Mémoires - Hector Berlioz - Garnier Flammarion - Paris - 1969 - 2 vol.