Matthias Weckmann
De Lamentations de Jérémie.
[Weckman, Wegkmann, Weykmann]
(Niederdorla, près de Muhlhausen, avant le 3 avril 1619 probablement entre la fin de 1615 et le début de 1617 – Hambourg, 24 février 1674)
Compositeur et organiste allemand, il est formé en 1630 par Heinrich Schütz, alors directeur de la chapelle de la cour de l’Électeur, ainsi que par d'autres musiciens comme Johann Klemm pour l'orgue et Caspar Kittel pour le chant, devient en 1632 l'un des organistes attitrés de ladite cour, s'installe à Hambourg en 1633 pour y étudier avec un élève de Sweelinck, Jacob Praetorius, subit les influences de Heinrich Scheidemann, se rend au Danemark en 1637 à la demande de son maître, est nommé deux ans plus tard à la nouvelle chapelle du fils de l’Électeur Johann Georg, se met au service de la chapelle royale danoise à Nykøbing de 1642 à 46, se rend à nouveau au Danemark en 1648 et, l'année suivante, est nommé inspecteur à la chapelle de l’Électeur, se lie d'amitié avec Christoph Bernhard (qu'il aidera plus tard) et Johann Jacob Froberger, devient titulaire en 1655 des orgues de Jacobikirche et de Gertrudenkapelle à Hambourg, y crée un Collegium musicum, positions qu'il occupe jusqu'à sa mort. Hinrich Frese lui succède aux orgues (et dans son ménage).
Parmi ses compositions de musique sacrée, d'une écriture délicate, figure la lamentation Wie liegt die Stadt so wüste pour S, B, 2 vns, 3 violes de gambe et bc, inédit, écrite entre le 15 août et le 14 octobre 1663 (basée principalement sur les v. 1:1, 1:2, 1 :5, 1:8, 1:12 et 1:21), composée sans doute après la vague de peste qui a sévit dans la région en 1663 et qui coûta la vie à Heinrich Scheidemann et à Thomas Selle. Cette partition est partagée en 2 parties constituées pour chacune d'entre elles d'une alternance de soli pour S (Jérusalem personnalisée par une femme) et B (prophète Jérémie) avant de s'achever finalement dans un duo implorant Dieu : Ach Herr, siehe an mein Elend; denn der Feind pranget sehr, Seigneur, vois ma misère, vois comme mon ennemi est triomphant). Dans le 1er duo (Schauet doch und sehet, Il n'y a pas de souffrance par la B / Sie weinet des Nachts, Elle passe des nuits à pleurer par la S), les deux solistes expriment le premier sa lamentation avec dignité, le second la femme en pleurs avec des coloraturas élaborées sur weinet. La 2nde partie rappelant le courroux de Dieu représenté par le thème de la colère, est écrite pour voix de basse et instruments (Denn der Herr hat mich voll Jammers gemacht, Parce que le Seigneur m'a infligée le jour où sa colère a éclaté). L'écriture effervescente, quasi monteverdienne, et les astuces expressives innervent une structure aussi libre qu'un lamento vénitien (Jean-Luc Macia, Diapason n° 513, avril 2004).
Ce motet, ms en grande partie autographe, est conservé à la Ratsbücherei (Bibliothèque municipale) de Lunebourg sous la cote KN 207/6.
|
|
|
|
|
|
|