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De Lamentations de Jérémie.
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''On a couru en foule à la Sainte-Chapelle et à l'Abbaye aux Bois . Ce que l'on entendit à la Sainte-Chapelle était de MM. Chaperon, La Lande et Lalouette, et à l'Abbaye aux Bois de M. Charpentier .'' La Sainte Chapelle suit les grands courants de l'époque et la "folie" parisienne. Ses registres révèlent ainsi que le 1<sup>er</sup> mars 1704, "''Ce jour Monsr le Tresorier a dit à la Compagnie que Me François Royer l'un des clercs ordinaires de Messrs de la Ste-Chapelle l'étoit venu prier de luy permettre de faire chanter les ténèbres au deffaut d'un maître de musique dont la place n'est pas encore remplie, ce que la Compagnie luy a accordé ''et que le 29 mars 1704, ordre est donné de lui payer la somme de 30 l.'' pour la distribution qu'il a faite aux musiciens du dehors qui sont venus pendant les ténèbres et autres jours chanter à la Sainte-Chapelle la musique qu'il a fait exécuter en l'absence du Maître dont la place n'estoit pas encore remplie .'' PierFrancesco Tosi fait la remarque suivante dans son ouvrage sur L'Art du chant (1723) : ''là où le goût est dépravé, qui pourrait distinguer la musique d'église de la musique de théâtre, si l'on payait en entrant ?'' Pierre-Marie-Jean Cousin de Courchamps, dans ses Souvenirs de la marquise de Créquy , avant de raconter les scènes célèbres de Longchamps aborde d'abord l'Abbaye de St-Maur où ils allaient à l'office de la Semaine Sainte avant que les Ténèbres de Longchamps fussent devenues à la "mode". Voici ce qu'il note : ''les officiers de toutes les justices des terres qui dépendaient de l'Abbaye, étaient obligés d'y paraître et d'y représenter à la suite du Baillif seigneurial. Tous les habitans du village de St-Maur se mettaient sous les armes, et après l'appel de tous les justiciers et de tous les notables habitans, ce cortège assemblé s'en allait tambour-battant-mêche-allumée, faire la procession dans l'église collégiale. Ce spectacle y faisait affluer tous les artisans de Paris, ce qui n'empêchait pas les grandes dames de continuer à s'y rendre pendant la Semaine Sainte, attendu que c'était un usage établi pour tout ce qui pouvait monter dans un carrosse à couronne. C'était un arrangement dévotieux qui remontait jusqu'à la belle-fille de Hugues-Capet, la Reine Berthe, et tout le monde y tenait à beau renfort de coutume séculaire et de traditions .'' Louis-Sébastien Mercier relate dans son ouvrage ''Tableau de Paris '' la description suivante au chapitre de l'abbaye de Long-champ. Cet extrait élargit encore plus la réputation qu'on se faisait de cette abbaye. ''Le mercredi, le jeudi et le vendredi saints, sous l'ancien prétexte d'aller entendre l'office des ténebres à Long-Champ, petit village à quatre milles de Paris, tout le monde sort de la ville ; c'est à qui étalera la plus magnifique voiture, les chevaux les plus fringans, la livrée la plus belle.'' ''Les femmes couvertes de pierreries s'y font voir ; car l'existence d'une femme à Paris, consiste sur-tout à être regardée. Les carrosses à la file offrent tous les états allant, reculant, roulant dans les allées seches ou fangeuses du bois de Boulogne.'' ''La courtisanne s'y distingue par un plus grand faste ; telle a orné ses chevaux de marcassites. Les princes y font voir les dernieres inventions des selliers les plus célebres, et guident quelquefois eux-mêmes les coursiers.'' ''Les hommes à cheval et à pied pêle-mêle, confondus, lorgnent toutes les femmes. Le peuple boit et s'enivre ; l'église est déserte, les cabarets sont pleins : et c'est ainsi qu'on pleure la passion de Jésus-Christ.'' ''Autrefois on y couroit à cause de la musique.'' ''L'archevêque, en l'interdisant, crut rompre la promenade ; il se trompa. Les fideles promeneurs traverserent constamment le bois de Boulogne pour se rendre à la porte de l'église, et ils n'y entrerent point.'' […] ''Les femmes ce jour-là ne font pas la principale figure ; les équipages et les chevaux l'emportent sur elles. Les fiacres délabrés servent à rehausser les voitures neuves et élégantes.'' […] Cette description s'achève sur quelques éléments-clés de l'office des ténèbres : le récit des Lamentations, sa désagréable longueur et son achèvement par un beau concert de bruit. ''Tandis que les uns se promenent, respirent l'air pur et frais du printems, d'autres vont dans les églises pour y entendre des voix qui, chantant des jérémiades, interrompent l'ennui d'un office long et triste : il finit par un espece de charivari. C'est un beau moment dans les colleges pour les écoliers.'' Tous ces faits sont également confirmés par Cousin de Courchamps dans ses ''Souvenirs de la marquise de Créquy'' dont le lecteur trouvera profit à en lire un extrait [[en annexe D]]. Dans l''''Office de la Semaine Sainte''' de 1749 , on fait remarquer ''qu'on ne peut s'empêcher de condamner un autre abus'' […] ''par lequel plusieurs Chrétiens accoûtumés à une vie oisive ou dissipée, ne cherchent dans ces jours de sainteté & de pénitence, qu'à contenter leur curiosité, & à flatter leurs oreilles & leurs yeux, en se rendant sans aucun sentiment de piété dans des Eglises, où un sordide interêt fait qu'on les invite comme a une assemblée mondaine, & où ils assistent avec une dissipation scandaleuse, pendant que des voix profanes viennent insulter à la majesté du lieu saint, par une musique plus propre à flater les passions, qu'à exciter la dévotion, & à donner à des hommes mondains une espèce de spectacle pour les dédommager en quelque sorte de ceux qui sont suspendus, & dont ils sont privés pendant cette quinzaine.'' Il est vrai qu'à la Semaine sainte, moment le plus fort sur un plan liturgique, les chapitres, et par leur intermédiaire de leur maître de chapelle ou de chœur, organisent un véritable ''imprésariat théâtral'' pour recruter chanteurs et instrumentistes afin de renforcer les effectifs dont ils disposent habituellement. Des sommes globales ou des remboursements de frais sont allouées à cette occasion à cet impresario afin de ne pas amoindrir la réputation du diocèse. L'époque des ''musici forastieri della musica straordinaria'' débute. Tout d'abord en Italie, à Rome et dans l'Etat pontifical. Ensuite dans les autres pays. Ainsi, à la fin du XVIII<sup>e</sup> siècle, dans les registres de la Sainte Chapelle à Paris, on trouve le 1<sup>er</sup> avril 1780, un paiement de 24 fr. à ''un basson externe pour la Semaine Sainte'' , et le 19 mars 1785, l'inscription suivante : ''Ce jour M. Le Preux maître de musique ayant représenté à la Compagnie l'impossibilité de donner de la musique soit pendant les Tenebres soit pour le jour de Pasques, vu l'infirmité de plusieurs musiciens, MM. lui ont accordé 3 louis pour les remplacer par des musiciens étrangers, et ont en même temps arrêté des representations au ministre de Paris sur l'état déplorable de la Sainte-Chapelle '' . Cet exemple n'a rien d'exceptionnel puisque les exemples se multiplient à l'infini dans les ouvrages tirés de la lecture des registres capitulaires que ce soit en France, en Espagne ou ailleurs. ➨ [[La grande époque des Offices des Ténèbres|<span style="color:#994C6A;">Retour au sommaire</span>]]
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