Propos sur l'Office des Ténèbres

De Lamentations de Jérémie.

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Lorsqu'on parle de l'Office des Ténèbres, un certain nombre d'images stéréotypées viennent aussitôt à l'esprit, images venant le plus souvent des on-dit colportés incessamment au fil des années. Quelle base peut-on donner à ces représentations ? Quel crédit peut-on apporter ? Et surtout quel rapport avec la liturgie ?
Lorsqu'on parle de l'Office des Ténèbres, un certain nombre d'images stéréotypées viennent aussitôt à l'esprit, images venant le plus souvent des on-dit colportés incessamment au fil des années. Quelle base peut-on donner à ces représentations ? Quel crédit peut-on apporter ? Et surtout quel rapport avec la liturgie ?
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L'appellation de "Ténèbres"
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== L'appellation de "Ténèbres" ==
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Es Lamentations de Jérémie, chantées traditionnellement dans les synagogues le 9ème jour d'Ab (juillet-août), jour de jeûne, anniversaire liturgique commun de la destruction du 1er et du 2nd Temples de Jérusalem, adoptées par la communauté chrétienne vers le VIIIe siècle, étaient chantées initialement aux Vigiliæ , qui dès le haut Moyen Âge prit successivement les noms de Agenda Vigilarum, Officium nocturnale et Nocturnum. Saint-Benoît avait fixé le Nocturne à la 8ème heure de la nuit c'est-à-dire vers 2 heures du matin. Mais à la fin du Moyen Âge, l'office se célébrait un peu avant l'aurore (Matuta) d'où le nom ad Matutinum. L'habitude se prit dès le XIIe siècle d'anticiper les Matines la veille en fin d'après-midi pour faciliter la participation des fidèles. On voit dans l'Ordre Romain de Gaïetan, qui est du quatorzième siècle, qu'on commençait à Rome pour lors à dire les Ténèbres le soir précédent, In die Mercurii de sero hora a competenti D. Papa veniret ad Officium Matutinorum .
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Les Lamentations de Jérémie, chantées traditionnellement dans les synagogues le 9ème jour d'Ab (juillet-août), jour de jeûne, anniversaire liturgique commun de la destruction du 1er et du 2nd Temples de Jérusalem, adoptées par la communauté chrétienne vers le VIIIe siècle, étaient chantées initialement aux Vigiliæ , qui dès le haut Moyen Âge prit successivement les noms de Agenda Vigilarum, Officium nocturnale et Nocturnum. Saint-Benoît avait fixé le Nocturne à la 8ème heure de la nuit c'est-à-dire vers 2 heures du matin. Mais à la fin du Moyen Âge, l'office se célébrait un peu avant l'aurore (Matuta) d'où le nom ad Matutinum. L'habitude se prit dès le XIIe siècle d'anticiper les Matines la veille en fin d'après-midi pour faciliter la participation des fidèles. On voit dans l'Ordre Romain de Gaïetan, qui est du quatorzième siècle, qu'on commençait à Rome pour lors à dire les Ténèbres le soir précédent, In die Mercurii de sero hora a competenti D. Papa veniret ad Officium Matutinorum .
Les lectures, de lectiones en latin, traduit en français par leçons , prennent ensuite le nom de Leçons de Ténèbres afin de symboliser les souffrances et la mort du Christ :  
Les lectures, de lectiones en latin, traduit en français par leçons , prennent ensuite le nom de Leçons de Ténèbres afin de symboliser les souffrances et la mort du Christ :  
En elle, la vie
En elle, la vie
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Autrefois cet office avait [donc] lieu dans la nuit, et aujourd'hui encore presque partout il se célèbre vers le soir. On veut rappeler par là que le Sauveur fut arrêté au milieu d'une nuit sombre, et que ce fut dans les ténèbres qu'il endura les maux de la passion et les outrages du peuple. L'Eglise exprime en même temps par là son deuil, car la nuit avec ses ombres silencieuses a toujours été le symbole de la douleur et du désespoir. Cet office est d'ailleurs parfaitement propre à nous disposer à des sentiments tristes et douloureux… Enfin à Matines et Laudes, on éteint peu à peu toutes les lumières sauf une, de sorte que finalement l'église reste plongée dans l'obscurité. – Toutes ces pratiques ont fait donner à l'office le nom de Ténèbres.  
Autrefois cet office avait [donc] lieu dans la nuit, et aujourd'hui encore presque partout il se célèbre vers le soir. On veut rappeler par là que le Sauveur fut arrêté au milieu d'une nuit sombre, et que ce fut dans les ténèbres qu'il endura les maux de la passion et les outrages du peuple. L'Eglise exprime en même temps par là son deuil, car la nuit avec ses ombres silencieuses a toujours été le symbole de la douleur et du désespoir. Cet office est d'ailleurs parfaitement propre à nous disposer à des sentiments tristes et douloureux… Enfin à Matines et Laudes, on éteint peu à peu toutes les lumières sauf une, de sorte que finalement l'église reste plongée dans l'obscurité. – Toutes ces pratiques ont fait donner à l'office le nom de Ténèbres.  
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Les acrostiches hébraïques
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Es Lamentations de Jérémie sont écrites en vers hébraïques et chaque verset est distingué par une lettre de l'alphabet hébreu, comme pour soulager la mémoire : cela se trouve en plusieurs autres endroits de la Bible comme aux Psaumes 25 (24), 37 (36), 111 (110), 112 (111), 119 (118) et 145 (144) et au chapitre 31, versets 10-31 des Proverbes.
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== Les acrostiches hébraïques ==
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Les Lamentations de Jérémie sont écrites en vers hébraïques et chaque verset est distingué par une lettre de l'alphabet hébreu, comme pour soulager la mémoire : cela se trouve en plusieurs autres endroits de la Bible comme aux Psaumes 25 (24), 37 (36), 111 (110), 112 (111), 119 (118) et 145 (144) et au chapitre 31, versets 10-31 des Proverbes.
Les lettres hébraïques ont été mis en musique, non pour aider les fidèles dans le décompte des lamentations puisque aussi bien elles n'étaient pas toutes récitées ni chantées, mais sans doute pour plusieurs raisons dont celles de laisser libre cours à la virtuosité du compositeur ou tout simplement de servir d'interlude entre deux versets.
Les lettres hébraïques ont été mis en musique, non pour aider les fidèles dans le décompte des lamentations puisque aussi bien elles n'étaient pas toutes récitées ni chantées, mais sans doute pour plusieurs raisons dont celles de laisser libre cours à la virtuosité du compositeur ou tout simplement de servir d'interlude entre deux versets.
Claude de Vert (1645-1708), vicaire général de l'ordre de saint Benoît, aborde la question dans un ouvrage concernant l'explication simple, littérale et historique des cérémonies de l'Eglise (pendant un séjour à Rome, il fut frappé de l'éclat et de la pompe des cérémonies du culte catholique, et il forma le projet d'en rechercher l'origine ), et y consacre une réflexion tout à fait personnelle mais sans doute parfaitement justifiée.
Claude de Vert (1645-1708), vicaire général de l'ordre de saint Benoît, aborde la question dans un ouvrage concernant l'explication simple, littérale et historique des cérémonies de l'Eglise (pendant un séjour à Rome, il fut frappé de l'éclat et de la pompe des cérémonies du culte catholique, et il forma le projet d'en rechercher l'origine ), et y consacre une réflexion tout à fait personnelle mais sans doute parfaitement justifiée.
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L'analyse de la musique consacrée aux Lamentations de Jérémie, quelle que soit l'époque, quel que soit le pays, montre que les œuvres n'incluent pas obligatoirement les lettres acrostiches comme de même, elles ne traitent pas, d'ailleurs, l'ensemble des textes des Lamentations prévus par le Breviarum Romanum de 1568. Ceci laisserait penser que la polyphonie devait alterner avec le chant grégorien, voire ne remplacer qu'un verset, dans le but de contribuer à une palette harmonique assez large à des psalmodies assez monotones dans son ensemble.  
L'analyse de la musique consacrée aux Lamentations de Jérémie, quelle que soit l'époque, quel que soit le pays, montre que les œuvres n'incluent pas obligatoirement les lettres acrostiches comme de même, elles ne traitent pas, d'ailleurs, l'ensemble des textes des Lamentations prévus par le Breviarum Romanum de 1568. Ceci laisserait penser que la polyphonie devait alterner avec le chant grégorien, voire ne remplacer qu'un verset, dans le but de contribuer à une palette harmonique assez large à des psalmodies assez monotones dans son ensemble.  
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L'extinction des cierges  
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U XIIe siècle, Rome adopte les coutumes gauloises d'extinction des lumières au cours des trois jours saints, mais c'est une coutume qui remonte dès le VIIIe siècle. Pendant l'office, on éteint un à un les cierges  de cera communi  de l'hericia      placé habituellement du côté droit de l'autel, après la lecture de chaque psaume (9 pour les Matines, 5 pour les Laudes), tantôt d'un côté tantôt de l'autre, commençant par le côté du Chœur : Pour cet Office aujourd'hui & les 2 jours suivans, on n'allume que 15 cierges. Dans les Eglises qui n'ont pas de luminaire aux côtés de l'Autel, l'on place contre les marches de l'Autel au milieu, un grand Chandelier triangulaire, propre à tenir 15 Cierges. A la fin de chaque Pseaume on éteint un des Cierges, tantôt d'un côté tantôt de l'autre, commençant par le côté du Choeur qui est en semaine , lesquels representent les douze Apostres & les trois Maries, qui perdirent leur foy, & quitterent leur Maistre l'un après l'autre .
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== L'extinction des cierges ==
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Au XIIe siècle, Rome adopte les coutumes gauloises d'extinction des lumières au cours des trois jours saints, mais c'est une coutume qui remonte dès le VIIIe siècle. Pendant l'office, on éteint un à un les cierges  de cera communi  de l'hericia      placé habituellement du côté droit de l'autel, après la lecture de chaque psaume (9 pour les Matines, 5 pour les Laudes), tantôt d'un côté tantôt de l'autre, commençant par le côté du Chœur : Pour cet Office aujourd'hui & les 2 jours suivans, on n'allume que 15 cierges. Dans les Eglises qui n'ont pas de luminaire aux côtés de l'Autel, l'on place contre les marches de l'Autel au milieu, un grand Chandelier triangulaire, propre à tenir 15 Cierges. A la fin de chaque Pseaume on éteint un des Cierges, tantôt d'un côté tantôt de l'autre, commençant par le côté du Choeur qui est en semaine , lesquels representent les douze Apostres & les trois Maries, qui perdirent leur foy, & quitterent leur Maistre l'un après l'autre .
A la fin de l'office, un seul éclaire encore la communauté . Il est placé derrière l'autel : il symboliserait le corps de Jésus-Christ après sa crucifixion. Après un temps de silence, ce cierge est rapporté pour signifier la victoire de la lumière sur les ténèbres, la résurrection de Jésus-Christ vainqueur des forces du mal.  
A la fin de l'office, un seul éclaire encore la communauté . Il est placé derrière l'autel : il symboliserait le corps de Jésus-Christ après sa crucifixion. Après un temps de silence, ce cierge est rapporté pour signifier la victoire de la lumière sur les ténèbres, la résurrection de Jésus-Christ vainqueur des forces du mal.  
Ce rite est très discuté : le nombre de cierges pour commencer ainsi que leur signification liturgique.  
Ce rite est très discuté : le nombre de cierges pour commencer ainsi que leur signification liturgique.  
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Le rite de l'extinction des cierges a fait l'objet d'un long et vaste débat sur l'origine de la pratique et son application dans l'Église. On peut peut-être se risquer de se rapprocher des vues de M. Grancolas : a-t-on rendu énigmatique quelque chose d'ordinaire et sans dessein ! En tout cas, c'est ce qu'un des rédacteurs de La Semaine Sainte à Rome  élude tout simplement en indiquant qu'on a voulu donner de cet usage une série d'explications mystiques sans aucune valeur historique. A Rome on ne connaissait pas encore cet usage au IXe siècle, il provient des rites de l'Eglise franque ou gallicane. Dans les basiliques romaines on allumait pour l'office nocturne le nombre de phares ou lampes nécessaire pour éclairer l'assistance et spécialement les lecteurs. On les éteignait peu à peu à mesure que le jour pénétrait dans la basilique.  
Le rite de l'extinction des cierges a fait l'objet d'un long et vaste débat sur l'origine de la pratique et son application dans l'Église. On peut peut-être se risquer de se rapprocher des vues de M. Grancolas : a-t-on rendu énigmatique quelque chose d'ordinaire et sans dessein ! En tout cas, c'est ce qu'un des rédacteurs de La Semaine Sainte à Rome  élude tout simplement en indiquant qu'on a voulu donner de cet usage une série d'explications mystiques sans aucune valeur historique. A Rome on ne connaissait pas encore cet usage au IXe siècle, il provient des rites de l'Eglise franque ou gallicane. Dans les basiliques romaines on allumait pour l'office nocturne le nombre de phares ou lampes nécessaire pour éclairer l'assistance et spécialement les lecteurs. On les éteignait peu à peu à mesure que le jour pénétrait dans la basilique.  
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Le rituel du bruit à la fin de l'Office  
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La fin de la cérémonie, après un instant de méditation, le silence était interrompu par un bruit appelé strepitum. Ce bruit serait aussi un vestige de l'antiquité. C'est en frappant de la main sur son banc ou sur son livre que le célébrant donnait le signal du départ . Cependant, certains auteurs prétendent que le bruit fait par toute la communauté représenterait la confusion et le désordre produits sur la terre à la mort de Jésus-Christ. Pour d'autres encore, ce fracas  depuis les stalles du chapitre exprime le bouleversement de la nature à l'instant où, quand le Christ expira sur la croix, la terre trembla, les roches se fendirent et les tombeaux s'ouvrirent. Que si on fait qq bruit avant de s'en aller, c'est pour montrer avec combien de tumulte & d'insolence, les Soldats envoyez se saisirent de Nôtre Seigneur, au jardin des Olives . Selon le même M. Marolles, si on frape le bois de la main, c'est que Nôtre-Seigneur criant sur le bois de la Croix, fit voir évidemment sa charité & sa miséricorde.  Deux ouvrages, deux avis divergents.
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== Le rituel du bruit à la fin de l'Office ==
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Á la fin de la cérémonie, après un instant de méditation, le silence était interrompu par un bruit appelé strepitum. Ce bruit serait aussi un vestige de l'antiquité. C'est en frappant de la main sur son banc ou sur son livre que le célébrant donnait le signal du départ . Cependant, certains auteurs prétendent que le bruit fait par toute la communauté représenterait la confusion et le désordre produits sur la terre à la mort de Jésus-Christ. Pour d'autres encore, ce fracas  depuis les stalles du chapitre exprime le bouleversement de la nature à l'instant où, quand le Christ expira sur la croix, la terre trembla, les roches se fendirent et les tombeaux s'ouvrirent. Que si on fait qq bruit avant de s'en aller, c'est pour montrer avec combien de tumulte & d'insolence, les Soldats envoyez se saisirent de Nôtre Seigneur, au jardin des Olives . Selon le même M. Marolles, si on frape le bois de la main, c'est que Nôtre-Seigneur criant sur le bois de la Croix, fit voir évidemment sa charité & sa miséricorde.  Deux ouvrages, deux avis divergents.
Augustinus Patricius Piccolomini  indique: La prière étant achevée, le maître des cérémonies frappe avec sa main une marche de l'autel ou sur quelque banc, et tous dans une certaine mesure provoque un bruit ou claquement. Ceci représente symboliquement la convulsion de la nature qui a suivi la mort de Jésus-Christ.
Augustinus Patricius Piccolomini  indique: La prière étant achevée, le maître des cérémonies frappe avec sa main une marche de l'autel ou sur quelque banc, et tous dans une certaine mesure provoque un bruit ou claquement. Ceci représente symboliquement la convulsion de la nature qui a suivi la mort de Jésus-Christ.
Selon la Société des Libraires, le petit bruit que l'on fait à la fin de Laudes, represente cette confusion qui parut dans toute la Nature à la mort de son Auteur, lorsque les pierres se fendirent, les Sepulchres s'ouvrirent, le Voile du Temple fut dechiré, &c.  
Selon la Société des Libraires, le petit bruit que l'on fait à la fin de Laudes, represente cette confusion qui parut dans toute la Nature à la mort de son Auteur, lorsque les pierres se fendirent, les Sepulchres s'ouvrirent, le Voile du Temple fut dechiré, &c.  
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C'est également la conclusion de l'un des rédacteurs de La Semaine Sainte à Rome  qui résume la situation en indiquant que les interprétations mystiques qu'on a voulu rattacher au bruit que l'on fait à la fin de l'office sont tout aussi erronées, car, après l'office, la conclusion de l'oraison étant secrètement récitée par le célébrant, celui-ci ou le supérieur du chœur, donnait le signal du départ.
C'est également la conclusion de l'un des rédacteurs de La Semaine Sainte à Rome  qui résume la situation en indiquant que les interprétations mystiques qu'on a voulu rattacher au bruit que l'on fait à la fin de l'office sont tout aussi erronées, car, après l'office, la conclusion de l'oraison étant secrètement récitée par le célébrant, celui-ci ou le supérieur du chœur, donnait le signal du départ.
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L'anticipation des matines
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U XIIe siècle, pour des raisons de commodité dans les paroisses, la transposition à la veille au soir, lors de l'office des Laudes, donc à la tombée de la nuit, renforce l'aspect ténébreux de ces offices qui célébraient la Passion du Christ conformément à son déroulement : Jeudi Saint, l'agonie et l'arrestation du Christ, Vendredi Saint, la mort sur la croix, Samedi Saint, la descente de la croix et la mise au tombeau.
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== L'anticipation des matines ==
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Au XIIe siècle, pour des raisons de commodité dans les paroisses, la transposition à la veille au soir, lors de l'office des Laudes, donc à la tombée de la nuit, renforce l'aspect ténébreux de ces offices qui célébraient la Passion du Christ conformément à son déroulement : Jeudi Saint, l'agonie et l'arrestation du Christ, Vendredi Saint, la mort sur la croix, Samedi Saint, la descente de la croix et la mise au tombeau.
Les Trois jours saints ont été récemment repoussés d'un jour par décret du pape Pie XII du 30 novembre 1955 afin de rétablir la place primitive des offices.
Les Trois jours saints ont été récemment repoussés d'un jour par décret du pape Pie XII du 30 novembre 1955 afin de rétablir la place primitive des offices.
Il n'est pas difficile de comprendre le caractère dramatique que conférait une telle présentation liturgique. C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles les compositeurs ont écrit les morceaux les plus fervents de l'histoire de la musique. Sans doute, les Passions doivent être attachées à cet engouement pour le drame mis en musique.
Il n'est pas difficile de comprendre le caractère dramatique que conférait une telle présentation liturgique. C'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles les compositeurs ont écrit les morceaux les plus fervents de l'histoire de la musique. Sans doute, les Passions doivent être attachées à cet engouement pour le drame mis en musique.
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Les processions
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La tradition andalouse  
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N sait que les maîtres de chapelle espagnols avaient également l'obligation de composer de la musique sacrée. C'est un fait avéré par les nombreuses compositions conservées dans les cathédrales et que l'on retrouve dans les colonies hispano-américaines. Mais il se trouve que les documents qui nous sont parvenus aujourd'hui parlent plus facilement des processions de la Semaine Sainte que des Ténèbres.
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== Les processions ==
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=== La tradition andalouse ===
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On sait que les maîtres de chapelle espagnols avaient également l'obligation de composer de la musique sacrée. C'est un fait avéré par les nombreuses compositions conservées dans les cathédrales et que l'on retrouve dans les colonies hispano-américaines. Mais il se trouve que les documents qui nous sont parvenus aujourd'hui parlent plus facilement des processions de la Semaine Sainte que des Ténèbres.
C'est à partir du XVIe siècle que les traditions andalouses de la Semaine Sainte s'expriment par les habituelles processions qui attirent encore beaucoup de touristes aujourd'hui. C'est Séville qui ouvre le chemin à cette grande tradition imprégnée d'inspiration profane et de caractère subversif propres aux rituels carnavalesques. La Semaine Sainte n'est pas la seule fête religieuse touchée par cette déviation puisque la Fête-Dieu subit également les mêmes turpitudes. Gonzalo de Céspedes y Meneses disait déjà que Séville célèbre les offices de la Semaine Sainte d'une façon si particulièrement somptueuse qu'elle laisse Rome, tête du monde et siège de l'Eglise, loin derrière.  
C'est à partir du XVIe siècle que les traditions andalouses de la Semaine Sainte s'expriment par les habituelles processions qui attirent encore beaucoup de touristes aujourd'hui. C'est Séville qui ouvre le chemin à cette grande tradition imprégnée d'inspiration profane et de caractère subversif propres aux rituels carnavalesques. La Semaine Sainte n'est pas la seule fête religieuse touchée par cette déviation puisque la Fête-Dieu subit également les mêmes turpitudes. Gonzalo de Céspedes y Meneses disait déjà que Séville célèbre les offices de la Semaine Sainte d'une façon si particulièrement somptueuse qu'elle laisse Rome, tête du monde et siège de l'Eglise, loin derrière.  
C'est à cette même époque que se constituent les confréries de pénitence si actives au cours de ces processions : d'origine corporative (tonneliers, boulangers, etc.), appartenant à une même catégorie sociale ou à une même fonction publique (aristocratie, avocats, etc.) ou appartenant à une même ethnie ou à une même nation (noirs, mulâtres, Catalans, etc.), chaque confrérie s'attachait à se distinguer des autres par des expiations publiques, par des costumes typiques ou par des accompagnements musicaux.
C'est à cette même époque que se constituent les confréries de pénitence si actives au cours de ces processions : d'origine corporative (tonneliers, boulangers, etc.), appartenant à une même catégorie sociale ou à une même fonction publique (aristocratie, avocats, etc.) ou appartenant à une même ethnie ou à une même nation (noirs, mulâtres, Catalans, etc.), chaque confrérie s'attachait à se distinguer des autres par des expiations publiques, par des costumes typiques ou par des accompagnements musicaux.

Version du 28 juin 2010 à 17:36

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