3. Le rite judaïque
De Lamentations de Jérémie.
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Les Lamentations sont donc étroitement liées aux épreuves du peuple juif au travers de son existence. | Les Lamentations sont donc étroitement liées aux épreuves du peuple juif au travers de son existence. | ||
- | Le 9 d'Av est un jour de grand jeûne exceptionnel pour tous les juifs. Les prescriptions sont strictes | + | Le 9 d'Av est un jour de grand jeûne exceptionnel pour tous les juifs. Les prescriptions sont strictes<sup>[[#38]]</sup> tant en matière de restriction alimentaire (c'est une obligation pour tout Israël, hormis ceux qui ne peuvent supporter le jeûne en raison de leur santé) qu'en matière relationnelle ou vestimentaire. On ne peut étudier que le livre de Job, les Lamentations et ses commentaires ou les livres d'histoire qui décrivent les catastrophes, car ils alimentent l'esprit du deuil (Choul'han 'Aroukh – Maran ch. 553-1 à 4), ceci en référence au Psaume CXIX : ''les préceptes de l'Éternel sont droits, ils réjouissent le cœur''. |
- | A la synagogue, ou ''beth haknesseth'' , au cours des offices ''d''arvith'' le soir du 9 ''d'Av'', l'obscurité règne et seules subsistent quelques bougies pour lire ou chanter par un hazzan | + | A la synagogue, ou ''beth haknesseth''<sup>[[#39]]</sup>, au cours des offices ''d''arvith'' le soir du 9 ''d'Av'', l'obscurité règne et seules subsistent quelques bougies pour lire ou chanter par un ''hazzan''<sup>[[#40]]</sup> à leur lueur l'intégralité des lamentations ''Eikha'', les récits plaintifs, les kinote, et les litanies de circonstances (Maran ibid.) sur un ton grave et monotone. Le rideau (''parokhète'') de l'armoire aux rouleaux de Torah (''arone haqqodéche'') est changé ou retiré. Les participants sont assis par terre, comme endeuillés (Maran ch. 559-3), mais peuvent utiliser un petit coussin ou un tabouret (Kol Sinaï 5722. 9 av. 31). |
- | Au chapitre VIII des ''Jeusnes commandez & volontaires'' de l'ouvrage de [[Source|'''Simonville''']] , on peut relever dès le XVI<sup>e</sup> siècle cette coutume : | + | Au chapitre VIII des ''Jeusnes commandez & volontaires'' de l'ouvrage de [[Source|'''Simonville''']]<sup>[[#41]]</sup>, on peut relever dès le XVI<sup>e</sup> siècle cette coutume : |
''V. Le 9. d'au est un Jeusne nommé tisha beau, qui est plus grand que les autres. Car ce fut ce jour-là que Nabucod Nosor brûla le Temple, & qu'à pareil jour l'Empereur Titus le brûla depuis. Ce Jeusne commence la veille, une heure, ou à peu près, avant le Soleil couchant, que l'on cesse de manger & de boire ; jusqu'à ce que le lendemain au soir les estoiles apparoissent ; & de meurent tout ce temps-là pieds nuds, ou sans souliers de cuir, & sans se pouvoir laver.'' | ''V. Le 9. d'au est un Jeusne nommé tisha beau, qui est plus grand que les autres. Car ce fut ce jour-là que Nabucod Nosor brûla le Temple, & qu'à pareil jour l'Empereur Titus le brûla depuis. Ce Jeusne commence la veille, une heure, ou à peu près, avant le Soleil couchant, que l'on cesse de manger & de boire ; jusqu'à ce que le lendemain au soir les estoiles apparoissent ; & de meurent tout ce temps-là pieds nuds, ou sans souliers de cuir, & sans se pouvoir laver.'' | ||
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Les courants réformés américains, qui semblent se diriger vers des cérémonies particulières, ont abandonné ces coutumes traditionnelles. | Les courants réformés américains, qui semblent se diriger vers des cérémonies particulières, ont abandonné ces coutumes traditionnelles. | ||
- | Comme l'indique '''Haïk Vantura''', les synagogues permettaient les cantillations | + | Comme l'indique '''Haïk Vantura''', les synagogues permettaient les cantillations<sup>[[#42]]</sup> traditionnelles et non au Temple de Jérusalem comme on pouvait l'imaginer. Dans ce domaine, chaque synagogue avait ses propres habitudes et ses propres problèmes. Les textes sacrés étaient chantés non par des chantres instruits mais par une personne ayant de préférence une belle voix. Ce n'est qu'au VIe siècle, qu'apparut le ''hazan'', un chantre attitré<sup>[[#43]]</sup>. |
Après de longues recherches sur le déchiffrement de la cantillation traditionnelle juive, Haïk Vantura établit une similitude sérieuse et fondée des figures mélodiques entre le plain-chant et la tradition synagogale de Damas afin de démontrer leur origine unique. | Après de longues recherches sur le déchiffrement de la cantillation traditionnelle juive, Haïk Vantura établit une similitude sérieuse et fondée des figures mélodiques entre le plain-chant et la tradition synagogale de Damas afin de démontrer leur origine unique. | ||
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Il serait long d'exposer ici la théorie du déchiffrement pour obtenir ce résultat mais il y a lieu de signaler que le processus est longuement analysé dans la 2<sup>ème</sup> partie de son ouvrage. Le lecteur pourra s'y référer utilement pour ses propres recherches ou pour satisfaire tout simplement sa curiosité. | Il serait long d'exposer ici la théorie du déchiffrement pour obtenir ce résultat mais il y a lieu de signaler que le processus est longuement analysé dans la 2<sup>ème</sup> partie de son ouvrage. Le lecteur pourra s'y référer utilement pour ses propres recherches ou pour satisfaire tout simplement sa curiosité. | ||
- | En France, les communautés juives étaient peu nombreuses. La tradition comprenait trois branches : ''l'autochtone, dite ''comtadine'', constituée et conservée dans les quatre communautés – Aix, Cavaillon, Carpentras, Isle-sur-Sorgue - du Comtat Venaissin ; la ''portugaise'', importée d'Espagne et pratiquée dans les communautés ''sefardies'' de Bordeaux, Bayonne et autres villes du Midi, ainsi, sans doute, qu'à Paris ; enfin ''l'alsacienne'', la plus répandue, d'origine rhénane, était en usage parmi les juifs ''askenazis'' de l'Est de la France et de la capitale. Entre ces trois ramifications d'une même souche, les divergences sont moins significatives que les similitudes''. | + | En France, les communautés juives étaient peu nombreuses. La tradition comprenait trois branches : ''l'autochtone, dite ''comtadine'', constituée et conservée dans les quatre communautés – Aix, Cavaillon, Carpentras, Isle-sur-Sorgue - du Comtat Venaissin ; la ''portugaise'', importée d'Espagne et pratiquée dans les communautés ''sefardies'' de Bordeaux, Bayonne et autres villes du Midi, ainsi, sans doute, qu'à Paris ; enfin ''l'alsacienne'', la plus répandue, d'origine rhénane, était en usage parmi les juifs ''askenazis'' de l'Est de la France et de la capitale. Entre ces trois ramifications d'une même souche, les divergences sont moins significatives que les similitudes''.<sup>[[#44]]</sup> |
La musique synagogale est de type monodique et modale excluant l'emploi des instruments. Elle traduit parfaitement la ferveur attendue de la prière juive. | La musique synagogale est de type monodique et modale excluant l'emploi des instruments. Elle traduit parfaitement la ferveur attendue de la prière juive. | ||
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- | Texte de ''Eikha'', les Lamentations (traduction Yehoshua Ra'hamim Dufour) . | + | Texte de ''Eikha'', les Lamentations (traduction Yehoshua Ra'hamim Dufour)<sup>[[#45]]</sup>. |
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