Félix Mendelssohn en 1831

De Lamentations de Jérémie.

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On ne peut en dire autant de Félix Mendelssohn. Deux lettres de voyages donnent de nombreux détails sur le rite et les chants pratiqués, celles du 4 avril 1831, adressée à sa sœur Fanny, et du 16 juin 1831, envoyée à son professeur, Carl Friedrich Zelter. Après avoir indiqué qu'il avait participé à l'ensemble des cérémonies de la Semaine Sainte, du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques, il observe de son œil habitué à des cérémonies plutôt protestantes le rite catholique à la basilique Saint-Pierre de Rome : c'est beau à moi d'avoir pris la résolution d'écouter le tout avec le calme et le sang-froid d'un observateur.  
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On ne peut en dire autant de Félix Mendelssohn. Deux lettres de voyages donnent de nombreux détails sur le rite et les chants pratiqués, celles du 4 avril 1831, adressée à sa sœur Fanny, et du 16 juin 1831, envoyée à son professeur, Carl Friedrich Zelter. Après avoir indiqué qu'il avait participé à l'ensemble des cérémonies de la Semaine Sainte, du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques, il observe de son œil habitué à des cérémonies plutôt protestantes le rite catholique à la basilique Saint-Pierre de Rome : ''c'est beau à moi d'avoir pris la résolution d'écouter le tout avec le calme et le sang-froid d'un observateur.''
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Il indique tout d'abord que le détail des cérémonies se trouve mentionné dans un livret qui contient la liturgie de la semaine expliqu[ant] la signification de toute la fête. Il y est dit "qu'on chante trois psaumes à chaque nocturne, parce que Jésus-Christ est mort pour les vierges, les femmes mariées et les veuves; et aussi à cause des trois lois : naturelle, écrite et évangélique ; [...] que les quinze cierges signifient les douze apôtres et les trois Maries," etc.
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Mendelssohn rappelle le déroulement du début de la cérémonie (antiennes, psaumes, etc.) puis aborde les lamentations proprement dites dans ces termes : Ensuite commence très-bas et andante la première lamentation de Jérémie en sol majeur. C'est une belle et sévère composition de Palestrina, et lorsqu'après les cris tumultueux des psaumes, on entend ce morceau composé sans basses, uniquement pour des hautes-contre solos et des ténors ; lorsque l'oreille est caressée par ces crescendo et ces decrescendo d'une si exquise délicatesse, que le son se dégrade insensiblement jusqu'à devenir imperceptible, et passe lentement d'un ton et d'un accord à l'autre, cela produit un effet ravissant.  
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Il indique tout d'abord que le détail des cérémonies se trouve mentionné dans un ''livret qui contient la liturgie de la semaine expliqu''[ant] ''la signification de toute la fête. Il y est dit "qu'on chante trois psaumes à chaque nocturne, parce que Jésus-Christ est mort pour les vierges, les femmes mariées et les veuves; et aussi à cause des trois lois : naturelle, écrite et évangélique ;'' [...] ''que les quinze cierges signifient les douze apôtres et les trois Maries,"'' etc.
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Mais il poursuit : Ce qu'il y a de fâcheux, c'est que les passages qu'ils chantent de la façon la plus émouvante, avec l'accent le plus religieux, et qui ont été évidemment composés avec le plus d'amour, se trouvent être précisément les titres des chapitres ou versets : Aleph, Beth, Gimmel, etc.; et que ce beau début, si beau qu'il semble descendre du ciel, porte justement sur ces mots: Incipit Lamentatio Jeremiae prophetae. Lectio I. Il y a là de quoi révolter un protestant, et, si l'on avait l'intention d'introduire ces chants dans nos églises, il me semble que cela rendrait la chose impossible. Qui pourrait en effet, quelque belle que soit la musique, se sentir pénétré de sentiments pieux en disant: "Chapitre premier ?" Mon livret dit à la vérité : En voyant le crucifiement prophétisé avec grande tristesse on chante également sur un ton très-lamentable Aleph et les autres mots semblables qui sont les lettres de l'alphabet hébreu, parce qu'on avait coutume de les mettre dans tous les chants de lamentation tels que celui-ci. Chaque lettre a en elle tout le sentiment du verset qui la suit et en est comme l'argument.
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Il rapporte plus loin qu'à chaque verset on éteint un cierge, de sorte qu'au bout d'une heure et demie, les quinze qui sont autour de l'autel ont cessé de brûler. Il n'en reste plus alors d'allumés que six grands au-dessus de la porte d'entrée [...] le chœur entier [...] entonne [...] le cantique de Zacharie [...] très-lentement et de la façon la plus solennelle, au milieu de ces quasi-ténèbres; alors les derniers cierges s'éteignent, le pape quitte son trône et se prosterne à genoux devant l'autel; tout le monde s'agenouille avec lui et dit ce qu'on appelle un Pater noster sub silentio [...]. Aussitôt après, le Miserere commence pianissimo. C'est pour moi le plus beau moment de toutes ces cérémonies...
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Mendelssohn rappelle le déroulement du début de la cérémonie (antiennes, psaumes, etc.) puis aborde les lamentations proprement dites dans ces termes : ''Ensuite commence très-bas et ''andante'' la première lamentation de Jérémie en sol majeur. C'est une belle et sévère composition de Palestrina, et lorsqu'après les cris tumultueux des psaumes, on entend ce morceau composé sans basses, uniquement pour des hautes-contre solos et des ténors ; lorsque l'oreille est caressée par ces crescendo et ces decrescendo d'une si exquise délicatesse, que le son se dégrade insensiblement jusqu'à devenir imperceptible, et passe lentement d'un ton et d'un accord à l'autre, cela produit un effet ravissant''.  
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A propos du strepitum, Mendelssohn écrit ceci : tous les cardinaux se mettent à frapper des pieds tant qu'ils peuvent, et c'est la fin de la cérémonie. "Le tapage, dit mon livret, signifie que les Hébreux s'emparent du Christ avec un grand tumulte." C'est possible, mais cela ressemble exactement au piétinement du parterre quand le rideau ne se lève pas assez vite ou que la pièce lui a déplu.  
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A part l'unanimité quant à l'action rituelle de l'extinction des cierges, on se perd en conjecture sur la justification du nombre de cierges et sur la signification du bruit provoqué à la fin des cérémonies. On se reportera à juste titre aux chapitres précédents qui traitent de ce sujet.
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Mais il poursuit : ''Ce qu'il y a de fâcheux, c'est que les passages qu'ils chantent de la façon la plus émouvante, avec l'accent le plus religieux, et qui ont été évidemment composés avec le plus d'amour, se trouvent être précisément les titres des chapitres ou versets : ''Aleph, Beth, Gimmel'', etc.; et que ce beau début, si beau qu'il semble descendre du ciel, porte justement sur ces mots: ''Incipit Lamentatio Jeremiae prophetae. Lectio I''. Il y a là de quoi révolter un protestant, et, si l'on avait l'intention d'introduire ces chants dans nos églises, il me semble que cela rendrait la chose impossible. Qui pourrait en effet, quelque belle que soit la musique, se sentir pénétré de sentiments pieux en disant: "Chapitre premier ?" Mon livret dit à la vérité : En voyant le crucifiement prophétisé avec grande tristesse on chante également sur un ton très-lamentable ''Aleph'' et les autres mots semblables qui sont les lettres de l'alphabet hébreu, parce qu'on avait coutume de les mettre dans tous les chants de lamentation tels que celui-ci. Chaque lettre a en elle tout le sentiment du verset qui la suit et en est comme l'argument''.
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Les Jésuites avaient également codifié le rituel religieux de la Semaine Sainte pour éviter certaines déviations. C'est ce que le R.P. Maggio, visiteur des collèges de la Compagnie, détermine très exactement dans un chapitre intitulé Circa cantum sacelli : les trois lamentations seront chantées, ou à plusieurs voix sur une mélodie triste, avec les répons en chant grégorien, ou par un soliste en grégorien avec les répons en musique (ce qui pourra se faire aussi par les répons des leçons suivantes). Cet exposé était destiné au Collège de Clermont à Paris .
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Il rapporte plus loin qu'''à chaque verset on éteint un cierge, de sorte qu'au bout d'une heure et demie, les quinze qui sont autour de l'autel ont cessé de brûler. Il n'en reste plus alors d'allumés que six grands au-dessus de la porte d'entrée ''[...]'' le chœur entier ''[...]'' entonne ''[...]'' le cantique de Zacharie ''[...]'' très-lentement et de la façon la plus solennelle, au milieu de ces quasi-ténèbres; alors les derniers cierges s'éteignent, le pape quitte son trône et se prosterne à genoux devant l'autel; tout le monde s'agenouille avec lui et dit ce qu'on appelle un Pater noster sub silentio ''[...]''. Aussitôt après, le ''Miserere'' commence pianissimo. C'est pour moi le plus beau moment de toutes ces cérémonies...''
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A propos du ''strepitum'', Mendelssohn écrit ceci : ''tous les cardinaux se mettent à frapper des pieds tant qu'ils peuvent, et c'est la fin de la cérémonie. "Le tapage, dit mon livret, signifie que les Hébreux s'emparent du Christ avec un grand tumulte." C'est possible, mais cela ressemble exactement au piétinement du parterre quand le rideau ne se lève pas assez vite ou que la pièce lui a déplu''.<sup>[[#8]]</sup>
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A part l'unanimité quant à l'action rituelle de l'extinction des cierges, on se perd en conjecture sur la justification du nombre de cierges et sur la signification du bruit provoqué à la fin des cérémonies. On se reportera à juste titre aux chapitres correspondants qui traitent de ce sujet.
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|Les Jésuites avaient également codifié le rituel religieux de la Semaine Sainte pour éviter certaines déviations. C'est ce que le R.P. Maggio, visiteur des collèges de la Compagnie, détermine très exactement dans un chapitre intitulé ''Circa cantum sacelli<sup>[[#9]]</sup> : les trois lamentations seront chantées, ou à plusieurs voix sur une mélodie triste, avec les répons en chant grégorien, ou par un soliste en grégorien avec les répons en musique (ce qui pourra se faire aussi par les répons des leçons suivantes)''. Cet exposé était destiné au Collège de Clermont à Paris.<sup>[[#10]]</sup>
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:<span style="color:#808080;"><span id="8">'''8'''. ''Voyage de jeunesse. Lettres de jeunesse (1830-1832), Mendelssohn, Félix, J. Hetzel & Cie, Editeurs, 1870.''</span>
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:<span style="color:#808080;"><span id="9">'''9'''. ''Histoire de la Compagnie de Jésus en France des origines à la suppression, Henri Fouqueray, S.J.. 1528-1762, t.1, p. 188.''</span>
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:<span style="color:#808080;"><span id="10">'''10'''. ''Les Jésuites et la musique, le collège de la Trinité à Lyon, Guillot, Pierre, 1565-1762. Mardaga. Liège. 1991.''</span>

Version actuelle en date du 21 juillet 2010 à 17:05

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