La légende de Palestrina serait pure invention

De Lamentations de Jérémie.

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[[Giovanni Pierluigi da Palestrina]] aurait sauvé la musique polyphonique grâce à sa ''Missa Papæ Marcelli''. Cette légende doit être rangée dans les tiroirs. D'ailleurs, comment le pape Marcel II qui a régné à peine un mois aurait pu se soucier au cours d'une si courte période de la réforme de la musique. Mais l'impulsion donnée à cette époque par l'Église a quelque peu aéré les compositions musicales vers plus de simplicité. C'était sans compter avec l'inventivité des compositeurs et de leurs interprètes.
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[[Giovanni Pierluigi da Palestrina]] aurait sauvé la musique polyphonique grâce à sa Missa Papæ Marcelli. Cette légende doit être rangée dans les tiroirs. D'ailleurs, comment le pape Marcel II qui a régné à peine un mois aurait pu se soucier au cours d'une si courte période de la réforme de la musique. Mais l'impulsion donnée à cette époque par l'Église a quelque peu aéré les compositions musicales vers plus de simplicité. C'était sans compter avec l'inventivité des compositeurs et de leurs interprètes.
 
L'application de la Contre-Réforme est lente puisque les problèmes musicaux et liturgiques sont renvoyés aux conciles et synodes provinciaux. Ce sera donc le fait d'usages locaux. Et puis, les pratiques ont la vie dure. Il suffit de s'en rendre compte à la lecture des comptes rendus sobres des livres capitulaires des cathédrales, de certains ouvrages sur les maîtrises et chapelles, des dictionnaires (qui sont l'écho des us en langage moins circonstancié) et quelques ouvrages didactiques.
L'application de la Contre-Réforme est lente puisque les problèmes musicaux et liturgiques sont renvoyés aux conciles et synodes provinciaux. Ce sera donc le fait d'usages locaux. Et puis, les pratiques ont la vie dure. Il suffit de s'en rendre compte à la lecture des comptes rendus sobres des livres capitulaires des cathédrales, de certains ouvrages sur les maîtrises et chapelles, des dictionnaires (qui sont l'écho des us en langage moins circonstancié) et quelques ouvrages didactiques.
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Citons par exemple les faits qui devaient être suffisamment graves à la Sainte Chapelle de Paris pour que le 19 avril 1585, Moyse Rouart soit envoyé en prison pour 24 heures à cause du scandalle et insollences faict par led. Rouart à Ténèbres .  
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Ce ne sera pas le seul cas mais celui-ci s'est déroulé au cours de la Semaine Sainte. S'agirait-il d'une exception ? Les registres capitulaires des principaux pays producteurs de Lamentations (Espagne, Italie, France, Portugal) ne cessent de témoigner de l'attitude rugueuse des hommes d'Eglise ou de la rigueur cléricale, sanctionnant indifféremment chanoines, chantres ou enfants de chœur. Il suffit de prendre connaissance du climat causé par ces acteurs pour se rendre compte qu'en tout temps, la discipline et la politesse n'allaient pas de soi et n'ont jamais été un art de vivre, même dans des lieux sacrés.
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Citons par exemple les faits qui devaient être suffisamment graves à la Sainte Chapelle de Paris pour que le 19 avril 1585, Moyse Rouart soit envoyé en prison pour 24 heures ''à cause du scandalle et insollences faict par led. Rouart à Ténèbres'' .  
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Alors, il est facile d'imaginer, un instant, l'intervention d'un chantre patibulaire (mais presque), ébréché, paré comme un évêque avec chape et bâton , chantant avec une prononciation courante et répandue à l'époque du XVIe siècle les Lamentations de Jérémie de la façon suivante :  
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O vo onneuss ki tranziti peur vyan, atandi teu évideute,  
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Ce ne sera pas le seul cas mais celui-ci s'est déroulé au cours de la Semaine Sainte. S'agirait-il d'une exception ? Les registres capitulaires des principaux pays ''producteurs'' de Lamentations (Espagne, Italie, France, Portugal) ne cessent de témoigner de l'attitude rugueuse des hommes d'Eglise ou de la rigueur cléricale, sanctionnant indifféremment chanoines, chantres ou enfants de chœur. Il suffit de prendre connaissance du climat causé par ces acteurs pour se rendre compte qu'en tout temps, la discipline et la politesse n'allaient pas de soi et n'ont jamais été un art de vivre, même dans des lieux sacrés.
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Si èste dolor similiss sicoute dolor méouss (v. 1:12) .
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Alors, il est facile d'imaginer, un instant, l'intervention d'un chantre patibulaire (mais presque), ébréché, paré comme un évêque avec chape et bâton , chantant avec une prononciation courante et répandue à l'époque du XVI<sup>e</sup> siècle les Lamentations de Jérémie de la façon suivante :  
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<center>O vo onneuss ki tranziti peur vyan, atandi teu évideute,</center>
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<center>Si èste dolor similiss sicoute dolor méouss (v. 1:12) .</center>
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avec une prétintaille  affirmée de mauvais goût. Bien sûr, nos oreilles d'aujourd'hui, peu exercées à de telles prononciations nasales ou gutturales enrichies, goûteraient avec délices ces plains-chants. Nos amis Canadiens et même ceux du sud de la France conservent encore un peu cet accent d'autrefois qui rend moins plate ou moins pointue la langue française.
avec une prétintaille  affirmée de mauvais goût. Bien sûr, nos oreilles d'aujourd'hui, peu exercées à de telles prononciations nasales ou gutturales enrichies, goûteraient avec délices ces plains-chants. Nos amis Canadiens et même ceux du sud de la France conservent encore un peu cet accent d'autrefois qui rend moins plate ou moins pointue la langue française.
Mais revenons à notre cérémonie des Ténèbres. Le cérémonial des évêques, publié en 1600, revu en 1650 puis en 1741 sous Benoît XIV, formule des règles relatives au chant (1. I. c ; XXVIII) : les chantres qui exécutent la musique éviteront que l'harmonie (qui a pour but d'augmenter la piété) ait rien de léger ou de lascif .
Mais revenons à notre cérémonie des Ténèbres. Le cérémonial des évêques, publié en 1600, revu en 1650 puis en 1741 sous Benoît XIV, formule des règles relatives au chant (1. I. c ; XXVIII) : les chantres qui exécutent la musique éviteront que l'harmonie (qui a pour but d'augmenter la piété) ait rien de léger ou de lascif .

Version du 23 juillet 2010 à 08:06

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