Introduction
De Lamentations de Jérémie.
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Cet ouvrage explore un domaine particulier de la musique sacrée, celui des [[Lamentations de Jérémie]] chantées partout dans le monde au cours de la Semaine Sainte. Il présente un aspect captivant parce que, loin de toute poésie – le latin est majoritairement présent – les compositeurs – à de rares exceptions, il est vrai – se sont efforcés de traduire, chacun à son époque, avec sa propre conception musicale les mêmes paroles en musique. Ainsi, au fil du temps, grâce à l'unicité des paroles, seuls émergent les langages musicaux qui font la différence en abordant tous les genres, du grégorien au minimalisme du XX<sup>e</sup> siècle. | Cet ouvrage explore un domaine particulier de la musique sacrée, celui des [[Lamentations de Jérémie]] chantées partout dans le monde au cours de la Semaine Sainte. Il présente un aspect captivant parce que, loin de toute poésie – le latin est majoritairement présent – les compositeurs – à de rares exceptions, il est vrai – se sont efforcés de traduire, chacun à son époque, avec sa propre conception musicale les mêmes paroles en musique. Ainsi, au fil du temps, grâce à l'unicité des paroles, seuls émergent les langages musicaux qui font la différence en abordant tous les genres, du grégorien au minimalisme du XX<sup>e</sup> siècle. | ||
- | Soit par obligation contractuelle avec les chapitres des cathédrales, soit par mode (périodes Renaissance ou baroque), soit par intérêt personnel, soit pour passer un message personnel envers le monde, les compositeurs ont perpétué bon an mal an la tradition de leurs prédécesseurs. Plus de 1 200 compositeurs ont donc travaillé sur les [[Lamentations de Jérémie]]. Même si elles n'ont plus "cours" aujourd'hui – la liturgie catholique ne prévoit plus ce genre de rite[[#1]]–, des compositions continuent à paraître dans le monde entier comme si cet exercice était obligatoire, comme un point de passage obligé. Une quarantaine de pays est ainsi représentée. | + | Soit par obligation contractuelle avec les chapitres des cathédrales, soit par mode (périodes Renaissance ou baroque), soit par intérêt personnel, soit pour passer un message personnel envers le monde, les compositeurs ont perpétué bon an mal an la tradition de leurs prédécesseurs. Plus de 1 200 compositeurs ont donc travaillé sur les [[Lamentations de Jérémie]]. Même si elles n'ont plus "cours" aujourd'hui – la liturgie catholique ne prévoit plus ce genre de rite<sup>[[#1]]</sup>–, des compositions continuent à paraître dans le monde entier comme si cet exercice était obligatoire, comme un point de passage obligé. Une quarantaine de pays est ainsi représentée. |
La première partie de cet ouvrage, qui pourrait être encyclopédique, touche plus particulièrement les rites religieux au cours desquels sont chantés les lamentations, l'évolution du texte biblique français, les parodies sur ce texte biblique, les exubérances dans l'exécution de ces lamentations et bien d'autres renseignements. Car, par-delà les compositions musicales, les Lamentations de Jérémie ont également un contexte particulièrement plus accentué que les messes, les vêpres ou les oratorios. A plusieurs reprises, l'Eglise a été contrainte de recentrer les pratiques religieuses pour éviter les dérives naturelles des compositeurs ou des interprètes. Jean-Christophe Frisch, flûtiste et chef de l'Ensemble XVIII-21, ira jusqu'à dire que, en France, les lamentations furent écrites ''pour des chanteurs d'opéra et destinée à un parterre mondain venu en plein jour, comme au spectacle, et non pas pour prier dans le secret de la nuit''. On n'est pas loin de la vérité, mais ces mêmes lamentations chantées avec austérité et sévérité restent très présentes dans la pure tradition catholique. | La première partie de cet ouvrage, qui pourrait être encyclopédique, touche plus particulièrement les rites religieux au cours desquels sont chantés les lamentations, l'évolution du texte biblique français, les parodies sur ce texte biblique, les exubérances dans l'exécution de ces lamentations et bien d'autres renseignements. Car, par-delà les compositions musicales, les Lamentations de Jérémie ont également un contexte particulièrement plus accentué que les messes, les vêpres ou les oratorios. A plusieurs reprises, l'Eglise a été contrainte de recentrer les pratiques religieuses pour éviter les dérives naturelles des compositeurs ou des interprètes. Jean-Christophe Frisch, flûtiste et chef de l'Ensemble XVIII-21, ira jusqu'à dire que, en France, les lamentations furent écrites ''pour des chanteurs d'opéra et destinée à un parterre mondain venu en plein jour, comme au spectacle, et non pas pour prier dans le secret de la nuit''. On n'est pas loin de la vérité, mais ces mêmes lamentations chantées avec austérité et sévérité restent très présentes dans la pure tradition catholique. | ||
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- | <span id="1"><small>''1. Tournant le dos aux rites ancestraux, l'Eglise a coupé la source de ses richesses | + | <span id="1"><small>''1. Tournant le dos aux rites ancestraux, l'Eglise a coupé la source de ses richesses musicales. Il est vrai que ''la rareté croissante des œuvres liturgiques d'une certaine valeur artistique est liée à la complexification d'un langage musical de plus en plus éloigné des besoins quotidiens des églises (Halbreich, Harry, Une Nouvelle Spiritualité, Crescendo n° 39, Bruxelles, 1999). A l'heure actuelle, malgré tout, les chants des paroisses catholiques demeurent, le plus souvent, d'une insigne pauvreté musicale'' (Bras, Jean-Yves, Les Courants Musicaux du XXe siècle, Editions Papillon, 2003). Les compositeurs font-ils des propositions ?</small></span> |