Antoine Brumel
De Lamentations de Jérémie.
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En 1483, il est engagé comme "heurier" (''horarius et matutinarius'') par le chapitre de la cathédrale de Chartres, puis en 1486 comme maître des Innocents, c'est-à-dire maître de chant des ''six pueri cantores'' de la cathédrale St-Pierre de Genève, puis au chœur de Laon, maître des enfants à Notre-Dame de Paris, chantre à la cour du duc de Savoie à Chambéry en 1501 et enfin, en 1505, sert Alphonse d'Este, duc de Ferrare, comme maître de chapelle. | En 1483, il est engagé comme "heurier" (''horarius et matutinarius'') par le chapitre de la cathédrale de Chartres, puis en 1486 comme maître des Innocents, c'est-à-dire maître de chant des ''six pueri cantores'' de la cathédrale St-Pierre de Genève, puis au chœur de Laon, maître des enfants à Notre-Dame de Paris, chantre à la cour du duc de Savoie à Chambéry en 1501 et enfin, en 1505, sert Alphonse d'Este, duc de Ferrare, comme maître de chapelle. | ||
- | Il compose ''Heth. Cogitavit Dominus'', ''Caph. Defecerunt præ lacrimis'' et ''Ierusalem, convertere ad Dominum tuum'' à 4 vx (source : [[Abréviations|I-Fn]], ms II. I. 350 (olim Magl. XXXVI. 113), ff. 68v-73r) et un ''Languente miseris'' : Text : incipits seulement ; ''cantus firmus Clamor meus ad te'' en T ; sous-titré ''Lamentatio'' Brumel (peut-être un motet profane). | + | Il compose ''Heth. Cogitavit Dominus'', ''Caph. Defecerunt præ lacrimis'' et ''Ierusalem, convertere ad Dominum tuum'' à 4 vx (source : [[Abréviations|I-Fn]], ms II. I. 350 (olim Magl. XXXVI. 113), ff. 68v-73r) et un ''Languente miseris'' : Text : incipits seulement ; ''cantus firmus Clamor meus ad te'' en T ; sous-titré ''Lamentatio'' Brumel (peut-être un motet profane). Ces versets ont été repérés dans un autre manuscrit de la même bibliothèque, du nom de l'initié P.M., qui figure sur sa première page. |
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+ | Puis, dans une collection de musique pour un couvent florentin, le copiste Antonio Moro a compilé dans le manuscrit Biffoli-Sostegni conservé à Bruxelles, des œuvres anonymes et à voix égales appartenant à des religieuses. Ce même copiste avait copié les œuvres de P.M. | ||
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+ | On y trouve le fondement de l'œuvre de Brumel sur le ton des lamentations romaines utilisé dans l'intonation ligurgique. | ||
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+ | Selon Laurie Stras de ''Musica Secreta'', les leçons se terminant traditionnellement par ''Jerusalem'', se divisent non pas en 3 mais en 5 parties de manière à ne pas pouvoir être utilisées liturgiquement. L'allégorie prémonitoire de l'histoire du Vendredi Saint devient un récit qui colle étroitement à l'architecture de la tragédie de Sénèque : Exposition, Début de l'Action, Complication de l'Action, Revers de la Fortune, Catastrophe. | ||
+ | Pour se résumer, Laurie Stras définit la décomposition des leçons en 5 actes : | ||
+ | :1. ''Heth. Cogitavit Dominus'', '''Exposition''', raconte la décision de Dieu de sacrifier Jésus et le sort de Jésus aux mains du Sanhédrin. | ||
+ | :2. ''Joth. Sederunt in terra'', '''Début de l'action''', raconte l'indifférence d'Hérode envers le Christ et les femmes qui se lamentent sur la croix. | ||
+ | :3. ''Lamed. Matribus suis dixerunt'', ''''''Complication''', reproduit la seconde moquerie du Christ. | ||
+ | :4. ''Nun. Prophetæ tui viderunt'', '''Revers de la fortune''', révèle que le texte est prononcé par le Christ lui-même qu'il réprimande Dieu. | ||
+ | :5. ''Gimel, Circumædificatit adversum me'', '''Catastrophe''', se termine avec le Christ dans le tombeau avant sa résurrection. | ||
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+ | L'architecture de Brumel donne donc un autre sens narratif. | ||
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