Les acteurs
De Lamentations de Jérémie.
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Il serait vain de parler du rituel religieux, du cérémonial romain entre autres, si, en dehors des indications "scéniques" des cérémonies proprement dites, on ne parlait pas de ceux qui les ani-ment, c'est-à-dire des acteurs. Au fond, comme dans les productions théâtrales, il faut réunir plusieurs éléments : les dialogues, la didascalie, les acteurs et les décors. On s'arrêtera là avec le rapprochement du milieu théâtral pour se concentrer sur les officiants des matines de la Semaine Sainte. | Il serait vain de parler du rituel religieux, du cérémonial romain entre autres, si, en dehors des indications "scéniques" des cérémonies proprement dites, on ne parlait pas de ceux qui les ani-ment, c'est-à-dire des acteurs. Au fond, comme dans les productions théâtrales, il faut réunir plusieurs éléments : les dialogues, la didascalie, les acteurs et les décors. On s'arrêtera là avec le rapprochement du milieu théâtral pour se concentrer sur les officiants des matines de la Semaine Sainte. | ||
- | Il existe toute une hiérarchie au sein des cathédrales à commencer par son chef suprême, l'évêque qui préside ou non la cérémonie. Ces deux cas sont d'ailleurs présentés séparément dans les | + | Il existe toute une hiérarchie au sein des cathédrales à commencer par son chef suprême, l'évêque qui préside ou non la cérémonie. Ces deux cas sont d'ailleurs présentés séparément dans les cérémoniaux. Comme il ne s'agit pas d'une étude prosopographique. On laissera donc de côté toutes les fonctions hors du domaine musical, même s'il le touche parfois . |
Ce chapitre abordera d'abord le chœur bien entendu, mais également les chantres , le maître des enfants, le règlement intérieur d'une maîtrise, les enfants de chœur, le chant sur le livre et le corps de musique. | Ce chapitre abordera d'abord le chœur bien entendu, mais également les chantres , le maître des enfants, le règlement intérieur d'une maîtrise, les enfants de chœur, le chant sur le livre et le corps de musique. | ||
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Lorsque tout l'effectif est réuni, ce qui est souvent le cas dans les grandes occasions, les grands jours de fêtes doubles ou triples, il faut compter sur environ 160 personnes. | Lorsque tout l'effectif est réuni, ce qui est souvent le cas dans les grandes occasions, les grands jours de fêtes doubles ou triples, il faut compter sur environ 160 personnes. | ||
- | L'organisation est très stricte et très hiérarchisée et les exigences spirituelles requéraient une discipline respectueuse que le chœur en général, et le bas-chœur en particulier, ne respectait pas toujours. Les registres des cathédrales foisonnent d'exemples comme celui de Rennes qui paraît illustrer ce genre de considérations : ''cependant les difficultés du Chapitre avec son bas-chœur récalcitrant ne diminuaient pas. Incidents, procès, querelles se succédaient. Le mardi 22 septembre 1722, par exemple, on donna lecture d'un arrêt de la Cour en date du 15 rendu sur requête du Trésorier. D'après ce document, qui fut affiché dans l'église, le bas-chœur devait obéir, se bien tenir, ne pas bavarder ni rire dans la première sacristie, etc. Cette mesure ne dut pas être bien efficace, car le Chapitre fut amené, le 14 novembre, à avertir et admonester les sieurs Aubert et de la Boucherie pour manque d'assiduité aux offices, surtout aux matines … Le 11 novembre 1738, le Chapitre convoqua les membres du bas-chœur, dont la mauvaise tenue continuait à être préoccupante. Il fut demandé à chacun d'observer le règlement suivant :'' | + | L'organisation du choeur, qui s'est mise en place progressivement au cours des siècles, est très stricte et très hiérarchisée et les exigences spirituelles requéraient une discipline respectueuse que le chœur en général, et le bas-chœur en particulier, ne respectait pas toujours. Les registres des cathédrales foisonnent d'exemples comme celui de Rennes qui paraît illustrer ce genre de considérations : ''cependant les difficultés du Chapitre avec son bas-chœur récalcitrant ne diminuaient pas. Incidents, procès, querelles se succédaient. Le mardi 22 septembre 1722, par exemple, on donna lecture d'un arrêt de la Cour en date du 15 rendu sur requête du Trésorier. D'après ce document, qui fut affiché dans l'église, le bas-chœur devait obéir, se bien tenir, ne pas bavarder ni rire dans la première sacristie, etc. Cette mesure ne dut pas être bien efficace, car le Chapitre fut amené, le 14 novembre, à avertir et admonester les sieurs Aubert et de la Boucherie pour manque d'assiduité aux offices, surtout aux matines … Le 11 novembre 1738, le Chapitre convoqua les membres du bas-chœur, dont la mauvaise tenue continuait à être préoccupante. Il fut demandé à chacun d'observer le règlement suivant :'' |
#) ''chanter l'office plus lentement et plus distinctement'' ; | #) ''chanter l'office plus lentement et plus distinctement'' ; | ||
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::''Ah ! dormez, et laissez à des chantres vulgaires'' | ::''Ah ! dormez, et laissez à des chantres vulgaires'' | ||
::''Le soin d'aller sitôt mériter leurs salaires''. | ::''Le soin d'aller sitôt mériter leurs salaires''. | ||
- | :::::(Chant Quatrième) | + | :::::::(Chant Quatrième) |
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+ | Plusieurs ordonnances de Notre-Dame de Chartres nous fait découvrir la disposition du chœur depuis le XIII<sup>e</sup> siècle. Elles statuent que ''les chanoines, prêtres et diacres, seraient dans les stalles supérieures, que les chanoines-sous-diacres occuperaient les stalles inférieures. Quant aux chanoines non ''in sacris'', ils se tiendraient sur les basses formes ou sellettes, sièges qui étaient encore au-dessous de ces dernières stalles. C'est à côté de ceux-ci et sur les mêmes bancs que se plaçaient, dans un ordre, allant du jubé aux portes latérales, les marguilliers-clercs, les enfants de chœur et les chapelains ou prêtres habitués'' . | ||
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+ | Mais d'une manière générale, le chantre gagé, clerc ou laïc, installé à la première stalle après le ''préchantre'' , ce dernier titulaire de la 1<sup>ère</sup> stalle après le doyen, a été déclassé pour rejoindre le bas-clergé, le ''prolétariat clérical '' ou se côtoient le sous-diacre, le ''paraphoniste'' , le sous-chantre , le ''concordant'' , le ''bas-chorier'', auxquels les bénéficiers, également appelés Grands Vicaires, ou les prébendiers ''vivant dans l'oisiveté et la mollesse'' laissent le soin de louer Dieu . | ||
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+ | Au fil du temps, d'un point de vue pratique mais aussi pour se distinguer des autres dignitaires ecclésiastiques, le terme chantre a subi toutes sortes de désinences suivant les diocèses, sous-chantre, ''sucentor'', ''grand chantre'', ''archichantre'' et ''praecentores'' par exemple, ou reçoit une autre désignation comme ceux indiqués ci-dessus ou ''Primicerii'', ''Archiparaphonisti'', ''Chorepiscopi'', ''gagiste'', ''machicot'' , ''capiscol'' , ''chantrerie'' , ''chorial'' , ''heurier'' et ''heurier matinier'' , ''psalte'' , etc. Ils avaient comme insigne le ''baculus cantoris'' au chœur. Á l'extérieur, leur pouvoir était considérable par le droit de surveillance sur les petites écoles et en faisaient de véritables directeurs d'enseignement primaire. Toutes ces appellations désignent tantôt la fonction dignitaire tantôt la fonction musicale. Dans certains chapitres, les deux fonctions se rejoignent. | ||
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+ | Les enfants de chœur , également appelés ''clergeon'' à Lyon , ''chantonnot'' à Troyes , ''choriste '' ou ''coryphée '' au cours du XX<sup>e</sup> siècle, etc., sont une autre partie du chœur dont les membres sont regroupés dans des ''schola cantorum'' , des ''maîtrises'' , des ''psallettes'' , des ''manécanteries '' ou des ''chœurs'' . On signale les premières dès le VIII<sup>e</sup> siècle . Plus tard, lorsque l'enfant de chœur mue, il peut évolue vers des fonctions cléricales comme celle ''d'acolyte'' , phénomène constaté très fréquemment en Espagne. | ||
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+ | L'école romaine nous enseigne que ''les enfants de la ''Schola'' étaient placés sous la direction de quatre ''paraphonistæ'' ou chefs de chant, tous sous-diacres ; le premier portait le titre de ''primicerius'' ou de ''magister'' (on le trouve aussi désigné sous le nom de ''primus'') ; puis venait le ''secundicerius'', qui le remplaçait quand cela était nécessaire, et prenait sa succession ; les deux autres étaient simplement nommés ''tertius'' et ''quartus''''. | ||
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+ | ''Le titre de ''paraphonista'' était également donné aux enfants les plus habiles, tels que ceux qui exécutaient les soli de ''l'Alleluia'', dirigés par un des quatre sous-diacres''. | ||
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+ | ''Le ''primicier'' était le directeur de l'enseignement et du chant. Il avait au-dessus de lui ''l'archicantor'' ; ce personnage était l'abbé du monastère de Saint-Pierre, ou d'un autre monastère papal, depuis que saint Grégoire avait déchargé les diacres du soin du chant . ''Sur l'une des deux plaquettes du plat inférieur de la reliure du sacramentaire de Drogon, on a représenté un primicerius'' avec la main droite […] étendue et sa gauche abaissée : ce geste illustre une chironomie qui impulse le mouvement de la phrase chantée, la conduite de la voix, le ''ductus''. Ce geste indiquait à la fois le rythme et les hauteurs, permettant aux chantres non seulement d'être ensemble mais aussi de se souvenir, puisqu'ils chantaient par cœur'' . | ||
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L'enseignement élémentaire apprend aux jeunes lecteurs à bien lire, marquer l'accent et chanter les leçons liturgiques ; les mélodies sont apprises par cœur . | L'enseignement élémentaire apprend aux jeunes lecteurs à bien lire, marquer l'accent et chanter les leçons liturgiques ; les mélodies sont apprises par cœur . | ||
- | Les enfants de chœur étaient plus ou moins bien supervisés par un maître de chœur, un maître de chant, un maître des enfants, un maître de chapelle ou un psallette , quelquefois un symphoniarque | + | |
- | Il existe fréquemment des noteurs | + | Les enfants de chœur étaient plus ou moins bien supervisés par un maître de chœur, un maître de chant, un maître des enfants, un maître de chapelle ou un psallette , quelquefois un ''symphoniarque '' dont le rôle consistait à leur enseigner la musique et à la diriger dans le chœur. Il en existe toute une hiérarchie parmi laquelle on trouve aussi des sous-maîtres tenant le rôle de maître de grammaire comme à la cathédrale d'Angers, au XV''e'' siècle, ''hypodidascalus '' ou ''subpraefectus - presbyter in grammaticalibus puerorum subpraefectus'' au XVII<sup>e</sup> siècle. |
- | En 1581, le Prince du Puy de musique érigé à Evreux fut assisté des chantres musiciens de la chapelle et chambre du Roy, qui chantèrent en l'église et au Puy. Sçavoir, est des sieurs de Beaulieu et s.r de Lauriny, bassecontres : Salmon, taille : Balifre, hautecontre : Bucérat, énucque, apte à la taille, hautecontre et dessus : et du s.r Mesme, aussy énucque et dessus : Du s.r Deliuet, cornet de Sa Ma.té et l'un des confrères : tous excellentz et vertueux personnages que led. Prince traicta par l'espace de sept iours en ced. lieu : et les défraya leurs gens et cheuaux venans de Paris et y retournans . | + | |
+ | Il existe fréquemment des ''noteurs '' ou ''notator '' (''notaires '' !) ou copistes de musique (Jean-Jacques Rousseau en était un célèbre) à une époque ou l'imprimerie était peu développée et les moyens de reproduction restreints. | ||
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+ | En 1581, le Prince du Puy de musique érigé à Evreux ''fut assisté des chantres musiciens de la chapelle et chambre du Roy, qui chantèrent en l'église et au Puy. Sçavoir, est des sieurs de Beaulieu et s.r de Lauriny, bassecontres : Salmon, taille : Balifre, hautecontre : Bucérat, énucque, apte à la taille, hautecontre et dessus : et du s.r Mesme, aussy énucque et dessus : Du s.r Deliuet, cornet de Sa Ma.té et l'un des confrères : tous excellentz et vertueux personnages que led. Prince traicta par l'espace de sept iours en ced. lieu : et les défraya leurs gens et cheuaux venans de Paris et y retournans'' . | ||
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Cette énumération un peu sèche nous donne une idée de la composition de la Chapelle et de la Chambre du Roy Henri III qui comprenait à cette époque des chantres castrats. | Cette énumération un peu sèche nous donne une idée de la composition de la Chapelle et de la Chambre du Roy Henri III qui comprenait à cette époque des chantres castrats. | ||
- | Ce chantre entonne mal | + | '''Ce chantre entonne mal''' |
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C'est en Espagne qu'apparaît pour la 1ère fois la notion de chantres dirigés, comme le dit l'inscription de Mertola, par un princeps. Dans la Vie de saint Séverin du VIe siècle, on parle également du primicerius cantorum de Naples . | C'est en Espagne qu'apparaît pour la 1ère fois la notion de chantres dirigés, comme le dit l'inscription de Mertola, par un princeps. Dans la Vie de saint Séverin du VIe siècle, on parle également du primicerius cantorum de Naples . | ||
Isidore de Séville dans ses écrits énumère les qualités du cantor, qui doit avoir une voix chantante, douce, limpide, dans une mélodie appropriée à la sainte religion. | Isidore de Séville dans ses écrits énumère les qualités du cantor, qui doit avoir une voix chantante, douce, limpide, dans une mélodie appropriée à la sainte religion. |