Les acteurs
De Lamentations de Jérémie.
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Il doit chanter avec humilité, chasteté, sobriété ; ses mélodies doivent amener le peuple à l'amour céleste non seulement par la sublimité des paroles mais par la suavité de la musique . | Il doit chanter avec humilité, chasteté, sobriété ; ses mélodies doivent amener le peuple à l'amour céleste non seulement par la sublimité des paroles mais par la suavité de la musique . | ||
- | Cette conception… est réexprimée fortement dans les canons du concile d'Aix de 816, qui une fois encore s'en tient au lexique et à la phraséologie d'Augustin et d'Isidore : "…que la mélodie (des chantres) élève les âmes du peuple qui les entoure jusqu'à la remémoration (memoria) et l'amour des choses célestes, non seulement par la haute portée des mots, mais encore par la suavitas des intonations (tonorum) que l'on fait entendre. | + | |
- | Il convient donc que le cantor, comme l'ont enseigné les saints Pères, soit remarquable et distingué par la voix et par l'art, de manière à ce qu'il saisisse l'âme de ses auditeurs par une sorte de diversion heureuse … La voix (du chantre) ne sera ni dure, ni enrouée, ni discordante, mais bien chantante, harmonieuse, claire et élevée, ayant une sonorité et une conduite mélodique en accord avec une religion sainte. Elle ne fera donc pas entendre un art de tragédien, mais un art qui dans sa modulatio même manifeste une simplicité chrétienne, qui ne sente pas la posture des musiciens ou l'art théâtral, mais qui exerce plutôt une véritable compunctio sur ses auditeurs. | + | Cette conception… est réexprimée fortement dans les canons du concile d'Aix de 816, qui une fois encore s'en tient au lexique et à la phraséologie d'Augustin et d'Isidore : "…que la mélodie (des chantres) élève les âmes du peuple qui les entoure jusqu'à la remémoration (''memoria'') et l'amour des choses célestes, non seulement par la haute portée des mots, mais encore par la ''suavitas'' des intonations (''tonorum'') que l'on fait entendre. |
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+ | Il convient donc que le ''cantor'', comme l'ont enseigné les saints Pères, soit remarquable et distingué par la voix et par l'art, de manière à ce qu'il saisisse l'âme de ses auditeurs par une sorte de diversion heureuse … La voix (du chantre) ne sera ni dure, ni enrouée, ni discordante, mais bien chantante, harmonieuse, claire et élevée, ayant une sonorité et une conduite mélodique en accord avec une religion sainte. Elle ne fera donc pas entendre un art de tragédien, mais un art qui dans sa ''modulatio'' même manifeste une simplicité chrétienne, qui ne sente pas la posture des musiciens ou l'art théâtral, mais qui exerce plutôt une véritable ''compunctio'' sur ses auditeurs. | ||
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+ | Plus récemment, Jean-Yves Hameline précise à propos de la récitation des psaumes, qu'ils doivent être récités ni précipitamment (''cursim''), ni avec des voix élevées, désordonnées, mal dosées (''intemperatis''), mais d'une manière égale (''plane''), et distinctement, de sorte que l'esprit des récitants soit tranquillement nourri, et que les oreilles des auditeurs soient charmées de leur belle diction (''pronuntiatio'')." C'est déjà tout un programme pour les ''Leçons des Ténèbres''. | ||
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Il serait difficile de relever tous les textes concernant les chantres mais on peut noter déjà par ces quelques textes, l'importance du chantre dans le chapitre de la cathédrale et dans les cérémonies puisqu'il y participe largement. | Il serait difficile de relever tous les textes concernant les chantres mais on peut noter déjà par ces quelques textes, l'importance du chantre dans le chapitre de la cathédrale et dans les cérémonies puisqu'il y participe largement. | ||
- | Les chantres avaient aussi la réputation d'être des personnes un peu difficiles et gaies. On trouve, par exemple, les expressions boire comme un chantre , chantre de lutrin qui est un méchant musicien (A. Furetière, Dict. Universel 1690) ou mauvais musicien (J.F. Féraud, Dict. critique de la langue française, Marseille, Mossy 1787-8), ce chantre entonne mal dans le double sens d'un homme qui boit beaucoup ou d'un chantre qui chante le commencement de quelque chose qui est continuë par d'autres . On appelle par raillerie ceux qui gagnent leur vie a chanter & à vendre de chansons au peuple, Chantres du Pont-neuf . Le dictionnaire de Trévoux cite même l'expression Nouvelliste et fainéant sont deux mots aussi étroitement mariés que chantre et buveur. | + | |
- | Nicolas Boileau, dans Le Lutrin, Chant 2, ne disait-il pas lui-même : | + | Les chantres avaient aussi la réputation d'être des personnes un peu difficiles et gaies. On trouve, par exemple, les expressions ''boire comme un chantre'' , ''chantre de lutrin'' qui est un ''méchant musicien'' (A. Furetière, Dict. Universel 1690) ou ''mauvais musicien'' (J.F. Féraud, Dict. critique de la langue française, Marseille, Mossy 1787-8), ''ce chantre entonne mal'' dans le double sens ''d'un homme qui boit beaucoup'' ou d'un chantre qui ''chante le commencement de quelque chose qui est continuë par d'autres . On appelle par raillerie ceux qui gagnent leur vie a chanter & à vendre de chansons au peuple, Chantres du Pont-neuf'' . Le dictionnaire de Trévoux cite même l'expression ''Nouvelliste et fainéant sont deux mots aussi étroitement mariés que chantre et buveur''. |
- | Le souper hors du chœur chasse les chapelains | + | |
- | Et de Chantres buvants les cabarets sont pleins. (Chant second) | + | Nicolas Boileau, dans ''Le Lutrin'', Chant 2, ne disait-il pas lui-même : |
- | et Gantez dans la lettre IX à un confrère : Tachez de ne pas acquérir la réputation que beaucoup de chantres ont d'être sujet au vin, car encores qu'on die que tous les Musiciens sont des yvrongnes, sçachez aussi que tous les yvrongnes ne sont pas musiciens. | + | :::''Le souper hors du chœur chasse les chapelains'' |
+ | :::''Et de Chantres buvants les cabarets sont pleins''. (Chant second) | ||
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+ | et Gantez dans la lettre IX à un confrère : ''Tachez de ne pas acquérir la réputation que beaucoup de chantres ont d'être sujet au vin, car encores qu'on die que tous les Musiciens sont des yvrongnes, sçachez aussi que tous les yvrongnes ne sont pas musiciens''. | ||
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Son ouvrage est farci de citations et de constatations relevées sur le terrain de l'expérience. Ainsi, on trouve indifféremment : on disoit que bon médecin & bon theologien ne furent jamais bons chrétiens, maintenant on y adjouste les Musiciens, car par ma foy ils sont bien dévôts, mais on peut dire que c'est envers les pots, & qu'il sont plus zelez pour la dame que pour le Seigneur (Lettre XIII), à bouche fermé n'y entra jamais mouche & les Chantres ne la devroient jamais ouvrir que pour boire […] l'instrument de la langue est glissant, & apporte grand danger à ceux qui le meprisent, or les Musiciens l'ayant plus humide à cause de la boisson, l'ont plus glissante, & par conséquent plus dangereuse, c'est pourquoy la doyent plus retenir (Lettre XV), la difference qu'il y a entre un Chantre & un Jardin, c'est que pour arrouser un Jardin il faut de l'eau, mais pour un Chantre il est requis d'avoir du vin (Lettre XIX), et puis cet Air qu'il a fait sur le subjet : | Son ouvrage est farci de citations et de constatations relevées sur le terrain de l'expérience. Ainsi, on trouve indifféremment : on disoit que bon médecin & bon theologien ne furent jamais bons chrétiens, maintenant on y adjouste les Musiciens, car par ma foy ils sont bien dévôts, mais on peut dire que c'est envers les pots, & qu'il sont plus zelez pour la dame que pour le Seigneur (Lettre XIII), à bouche fermé n'y entra jamais mouche & les Chantres ne la devroient jamais ouvrir que pour boire […] l'instrument de la langue est glissant, & apporte grand danger à ceux qui le meprisent, or les Musiciens l'ayant plus humide à cause de la boisson, l'ont plus glissante, & par conséquent plus dangereuse, c'est pourquoy la doyent plus retenir (Lettre XV), la difference qu'il y a entre un Chantre & un Jardin, c'est que pour arrouser un Jardin il faut de l'eau, mais pour un Chantre il est requis d'avoir du vin (Lettre XIX), et puis cet Air qu'il a fait sur le subjet : | ||
Mon premier dessein est d'abord que je m'esveille | Mon premier dessein est d'abord que je m'esveille |