3. La polyphonie de la Renaissance

De Lamentations de Jérémie.

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[[Image:Analyse 047.jpg|left|150px|]]Dès la 4<sup>ème</sup> note au début de la 1<sup>ère</sup> ligne du dessus, on trouve une difficulté sur la semi-brève ou la minime ''do'' (voir A). La haste existe-t-elle et si oui est-elle barrée ? Au début de la 1<sup>ère</sup> ligne de l'alto, la brève est-elle pointée ainsi que la semi-brève qui la suit (voir B) ? Pour résoudre ces trois difficultés, il convient de rechercher une cadence que l'on trouve chez le ténor sur la semi-brève ''la'', les deux semi-minimes ''sol fa'' et la minime ''la'', figure classique d'une cadence même incomplète (voir C). Comme le ténor agit comme une basse, on devrait donc trouver une semi-cadence sur ''la'' avec l'accord ''la-do-mi''. Il s'agit là d'une hypothèse de travail qu'il convient de vérifier. Le dessus termine un mélisme sur une semi-brève ''mi'', juste avant les pauses. Pour vérifier l'hypothèse, il faut donc trouver un ''do'' pour l'alto que l'on trouve pour la 1<sup>ère</sup> fois à la 5<sup>ème</sup> note et une autre à la 7<sup>ème</sup>.[[Image:Analyse 048.jpg|right|100px|]]
[[Image:Analyse 047.jpg|left|150px|]]Dès la 4<sup>ème</sup> note au début de la 1<sup>ère</sup> ligne du dessus, on trouve une difficulté sur la semi-brève ou la minime ''do'' (voir A). La haste existe-t-elle et si oui est-elle barrée ? Au début de la 1<sup>ère</sup> ligne de l'alto, la brève est-elle pointée ainsi que la semi-brève qui la suit (voir B) ? Pour résoudre ces trois difficultés, il convient de rechercher une cadence que l'on trouve chez le ténor sur la semi-brève ''la'', les deux semi-minimes ''sol fa'' et la minime ''la'', figure classique d'une cadence même incomplète (voir C). Comme le ténor agit comme une basse, on devrait donc trouver une semi-cadence sur ''la'' avec l'accord ''la-do-mi''. Il s'agit là d'une hypothèse de travail qu'il convient de vérifier. Le dessus termine un mélisme sur une semi-brève ''mi'', juste avant les pauses. Pour vérifier l'hypothèse, il faut donc trouver un ''do'' pour l'alto que l'on trouve pour la 1<sup>ère</sup> fois à la 5<sup>ème</sup> note et une autre à la 7<sup>ème</sup>.[[Image:Analyse 048.jpg|right|100px|]]
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Après avoir posé les notes au crayon de papier, la gomme s'avérant utile, et un tâtonnement inévitable sur les deux exemples A. et B. ci-dessus, ainsi que sur la brève ''sol'' de l'alto (est-il pointé ou s'agit-il d'une tache ou d'un point de division ?), on obtient le résultat suivant : voir D. Transcription diplomatique.
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La cadence s'achève sur une dissonance entre l'alto et le ténor (''la-si'') et une résolution par la tierce. On s'occupera de la ''musica ficta'' et du placement des paroles lorsque la mise en place des trois parties sera achevée.
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Ainsi, le ''do'' du dessus est une semi-brève, et la brève ''sol'' de l'alto est bien pointée. Un travail identique est à faire également pour la suite du ''Lamed'' sachant qu'il existe une cadence sur le point d'orgue (une chance) figurant à la fin d'une ligne sur chaque partie et une autre juste après la 1<sup>ère</sup>, cadence en ''la''.
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La 4<sup>ème</sup> note de la 2<sup>nde</sup> ligne du dessus, la semi-brève ''la'', est bien pointée et la 7<sup>ème</sup>, minime ''fa'', s'avère en fait être une semi-brève (la hampe serait barrée ou une erreur de copie) afin de ne pas provoquer un décalage dans les pauses qui suivent, la 1<sup>ère</sup> fermant bien une mesure, la seconde débutant la suivante.[[Image:Analyse 049.jpg|right|100px|]]
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Un petit travail restait à faire sur la séquence finale du dessus, deux trous dans la partition et une note pointée isolée (voir E), mais rapidement une solution a été trouvée en pointant la minime la (résolution de la 1<sup>ère</sup> absence du papier) et en adoptant une semi-brève ''la'' pour l'antépénultième note.
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Pour cet exemple, il reste à placer les paroles et la ''musica ficta''. Comme le compositeur a placé des signes de répétition (•//•) pour reprendre le même vocable ''Lamed'', il est suggéré entre parenthèses une solution, mais d'autres peuvent être prises. La proposition se base uniquement sur le problème de la répétitivité de certaines notes et le placement des pauses.
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Pour ce qui concerne la ''musica ficta'', les dièses ont été placés sur les ''sol'' des cadences en ''la'' (avec le ''fa'' qui l'accompagne dans le 1<sup>er</sup> cas) et en ''mi'' (''causa pulchritudinis''). Comme ils ne sont pas notés sur la partition mais sont ajoutés lors de l'exécution, ils sont donc notés entre parenthèses.
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Lorsque l'écriture musicale est bien respectée, les pauses sont placées dans un ordre logique, la 1<sup>ère</sup> d'entre elles fermant toujours une mesure incomplète. Cette logique scripturale n'est pas respectée à l'alto et au ténor, les pauses sont interverties (semi-brève et minime doivent être inversées). De plus, le 2<sup>ème</sup> groupe de pauses comprend une valeur qui doit être réduite, la brève devenant une semi-brève.
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Les barres de mesures ont été indiquées en pointillées et les notes dépassant la mesure, réparties sur deux mesures. Si la restitution avait été réalisée sans barres de mesures, les notes auraient été placées sans décomposition en conservant leur valeur initiale, à cheval sur deux mesures. Le chanteur moderne aurait été obligé de s'appuyer davantage sur la pulsation binaire pour conduire son chant, ne pouvant se fier à la mensuration moderne absente.
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Le ''Lamed'' ainsi recomposé permet d'obtenir la partition F.

Version du 22 juillet 2010 à 13:55

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