L'évolution du texte biblique français depuis son origine - Introduction

De Lamentations de Jérémie.

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Le latin est traditionnellement utilisé pour chanter les Lamentations de Jérémie au cours du Triduum Sacrum de la Semaine Sainte. Le texte biblique français est, bien entendu, plus récent même s'il faut remonter au XIIe siècle pour avoir un aperçu des premières traductions. Un rapide coup d'œil sur les textes depuis le Moyen Âge permet de constater les évolutions du vocabulaire et de l'orthographe. On est loin de l'emploi de notre traditionnel françois.
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Le latin est traditionnellement utilisé pour chanter les ''Lamentations de Jérémie'' au cours du ''Triduum Sacrum'' de la Semaine Sainte. Le texte biblique français est, bien entendu, plus récent même s'il faut remonter au XII<sup>e</sup> siècle pour avoir un aperçu des premières traductions. Un rapide coup d'œil sur les textes depuis le Moyen Âge permet de constater les évolutions du vocabulaire et de l'orthographe. On est loin de l'emploi de notre traditionnel ''françois''.
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La présentation qui est faite dans ce chapitre ne prétend pas faire un historique de toutes les versions françaises de la Bible. Elles sont là pour présenter modestement cette évolution qui ne concerne que le Vieux ou l'Ancien Testament. Il ne s'agit pas non plus de relater une histoire des versions françaises mais au fur et à mesure de la glanure des textes, on s'aperçoit rapidement de l'intérêt de les réunir dans un chapitre particulier.
La présentation qui est faite dans ce chapitre ne prétend pas faire un historique de toutes les versions françaises de la Bible. Elles sont là pour présenter modestement cette évolution qui ne concerne que le Vieux ou l'Ancien Testament. Il ne s'agit pas non plus de relater une histoire des versions françaises mais au fur et à mesure de la glanure des textes, on s'aperçoit rapidement de l'intérêt de les réunir dans un chapitre particulier.
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Les citations reprennent l'orthographe ancienne, ce qui en rend la lecture un peu difficile mais qui permet de mieux apprécier l'évolution de la langue dans la version qu'en a voulu le traducteur. C'est le cas des u et des v, des ß, des f et des s, des i et des j, etc., qui, dans certains cas, rendent la lecture délicate : vefue ou veufue pour veufve, devenu plus tard veuve ; deuindzent pour devindrent puis devinrent, etc.
Les citations reprennent l'orthographe ancienne, ce qui en rend la lecture un peu difficile mais qui permet de mieux apprécier l'évolution de la langue dans la version qu'en a voulu le traducteur. C'est le cas des u et des v, des ß, des f et des s, des i et des j, etc., qui, dans certains cas, rendent la lecture délicate : vefue ou veufue pour veufve, devenu plus tard veuve ; deuindzent pour devindrent puis devinrent, etc.
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Il a semblé intéressant de présenter quelques extraits au fil des siècles en intercalant des parodies, des paraphrases, car ces lamentations ne laissent pas insensibles et la transposition caricaturale ou dramatique qui en est faite, traduit toujours une lueur d'espoir (ou de révolte) dans un torrent de plaintes.
Il a semblé intéressant de présenter quelques extraits au fil des siècles en intercalant des parodies, des paraphrases, car ces lamentations ne laissent pas insensibles et la transposition caricaturale ou dramatique qui en est faite, traduit toujours une lueur d'espoir (ou de révolte) dans un torrent de plaintes.
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Le texte étant fort long, à quelques exceptions près, seuls les versets 1 et 2 du 1er chapitre, les plus connus, servent d'illustration.
 
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La Bible, jusqu'au XVe siècle, est un compromis entre les écritures et l'histoire : elle réorganise les livres en le complétant d'extraits pris à des historiens profanes.
 
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L'origine de la première traduction tout au moins partielle de la Bible en langue vernaculaire, si l'on fait exception des langues régionales, langue d'oc incluse, remonte au XIIe siècle . L'une des premières, la Bible historiale est à l'avantage du chanoine Guyart Desmoulins ou des Moulins  (1297). Le texte est le suivant :
 
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Aleth. Comment siet la cite seulle qui estoit pleine de peuple. Et comment est faicte veufue celle qui estoit dame des gens & celle qui estoit dame des contrees est faicte sans treu..
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Le texte étant fort long, à quelques exceptions près, seuls les versets 1 et 2 du 1<sup>er</sup> chapitre, les plus connus, servent d'illustration.
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Beth. Elle plora plorant en la nuyt et larmes en ses ioues. Il nest qui la conforte de tous ses amys. Tous les amys la desprisent et deuindzent ses ennemys.
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La Bible, jusqu'au XV<sup>e</sup> siècle, est un compromis entre les écritures et l'histoire : elle réorganise les livres en le complétant d'extraits pris à des historiens profanes.
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L'origine de la première traduction tout au moins partielle de la Bible en langue vernaculaire, si l'on fait exception des langues régionales, langue d'oc incluse, remonte au XII<sup>e</sup> siècle<sup>[[#1]]</sup>. L'une des premières, la ''Bible historiale'' est à l'avantage du chanoine Guyart Desmoulins ou des Moulins<sup>[[#2]]</sup> (1297). Le texte est le suivant :
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'''Aleth.''' ''Comment siet la cite seulle qui estoit pleine de peuple. Et comment est faicte veufue celle qui estoit dame des gens & celle qui estoit dame des contrees est faicte sans treu..''
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'''Beth.''' ''Elle plora plorant en la nuyt et larmes en ses ioues. Il nest qui la conforte de tous ses amys. Tous les amys la desprisent et deuindzent ses ennemys.''
Ce texte sera imprimé en 1541. Jean de Rély, confesseur du roi, archidiacre de Notre-Dame, puis Evêque d'Angers, a également édité en 1487, à la requête du roi Charles VIII, une version de la Bible historiale de Des Moulins, mais le Livre des Lamentations n'y figure pas . L'édition 1496 d'Antoine Vérard (1450?-1513) suit strictement le même texte à quelques lettres près (seule pour seulle, vefue pour veufue, ioes pour ioues, etc.) . Elle était dédicacée au tres Souverain seigneur Charles huytiesme de ce nom tres chrestien Roy de France A la louenge de la benoiste trinite de paradis et de vous chier sire.
Ce texte sera imprimé en 1541. Jean de Rély, confesseur du roi, archidiacre de Notre-Dame, puis Evêque d'Angers, a également édité en 1487, à la requête du roi Charles VIII, une version de la Bible historiale de Des Moulins, mais le Livre des Lamentations n'y figure pas . L'édition 1496 d'Antoine Vérard (1450?-1513) suit strictement le même texte à quelques lettres près (seule pour seulle, vefue pour veufue, ioes pour ioues, etc.) . Elle était dédicacée au tres Souverain seigneur Charles huytiesme de ce nom tres chrestien Roy de France A la louenge de la benoiste trinite de paradis et de vous chier sire.

Version du 9 mai 2010 à 14:25

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