L'évolution du texte biblique français depuis son origine - Introduction
De Lamentations de Jérémie.
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La Bible, jusqu'au XV<sup>e</sup> siècle, est un compromis entre les écritures et l'histoire : elle réorganise les livres en le complétant d'extraits pris à des historiens profanes. | La Bible, jusqu'au XV<sup>e</sup> siècle, est un compromis entre les écritures et l'histoire : elle réorganise les livres en le complétant d'extraits pris à des historiens profanes. | ||
- | == | + | == Avant le XVI<sup>ème</sup> siècle == |
L'origine de la première traduction tout au moins partielle de la Bible en langue vernaculaire, si l'on fait exception des langues régionales, langue d'oc incluse, remonte au XII<sup>e</sup> siècle<sup>[[#1]]</sup>. L'une des premières, la ''Bible historiale'' est à l'avantage du chanoine Guyart Desmoulins ou des Moulins<sup>[[#2]]</sup> (1297). Le texte est le suivant : | L'origine de la première traduction tout au moins partielle de la Bible en langue vernaculaire, si l'on fait exception des langues régionales, langue d'oc incluse, remonte au XII<sup>e</sup> siècle<sup>[[#1]]</sup>. L'une des premières, la ''Bible historiale'' est à l'avantage du chanoine Guyart Desmoulins ou des Moulins<sup>[[#2]]</sup> (1297). Le texte est le suivant : | ||
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:'''''O vos omnes''' par trop aventureulx'' | :'''''O vos omnes''' par trop aventureulx'' | ||
- | :''''Qui transitis'' cherchant daymer la proye.'' | + | :'''''Qui transitis''' cherchant daymer la proye.'' |
:'''''Per viam''' & soyes curieulx'' | :'''''Per viam''' & soyes curieulx'' | ||
:'''''Et videte''' le chemin perilieux.'' | :'''''Et videte''' le chemin perilieux.'' | ||
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:'''''O vos omnes''''' | :'''''O vos omnes''''' | ||
- | La Bible de Louvain (1550), un an après la parution de | + | La Bible de Louvain (1550), un an après la parution de ''La Deffence, et Illustration de la Langue Francoyse''<sup>[[#7]]</sup>, est une deuxième traduction catholique de la bible en français<sup>[[#8]]</sup>. C'est une ''Saincte Bible nouvellement translatée de latin en françois, selon l'édition latine, dernièrement imprimée à Louvain, reveue, corrigée & approuvée par gens sçavants'' : |
- | A. Comment sied seullette la cité, celle qui estoit tãt peuplée. La dame des nations est faicte comme vefue? La principale des prouinces, est faicte soub tribut. | + | :'''A.''' ''Comment sied seullette la cité, celle qui estoit tãt peuplée. La dame des nations est faicte comme vefue? La principale des prouinces, est faicte soub tribut.'' |
- | Beth. En larmoiant a plore de nuict, & ses larmes sont en ses ioues : il n'y a aucun de ses amys qui la console : Tous ses amys l'ont mesprisée,& luy sont faictz ennemys. | + | :'''Beth'''. ''En larmoiant a plore de nuict, & ses larmes sont en ses ioues : il n'y a aucun de ses amys qui la console : Tous ses amys l'ont mesprisée,& luy sont faictz ennemys.'' |
- | De l'aveu des translateurs, ceux-ci ont usé des termes communs et faciles, sans obscuration des parolles non accoustumées aux gentz simples, pour lesquels principalement [ont] moderé la traduction. | + | De l'aveu des translateurs, ''ceux-ci ont usé des termes communs et faciles, sans obscuration des parolles non accoustumées aux gentz simples, pour lesquels principalement'' [ont] ''moderé la traduction''. |
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- | + | Celle de Jean de Tournes (1504-1564), converti au protestantisme en 1545, bible dite de français moyen, a été diffusée en 1551. Le texte est le suivant<sup>[[#9]]</sup> : | |
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- | + | :'''Aleph'''. ''Comment sied seullette la cité tant peuplee? & celle qui estoit grande entre les gens, est faite comme vefue? La princesse des provinces est faite souz tribut?'' | |
+ | :'''Beth'''. ''Elle plorera la nuict, ses larmes sont par ses iours: & n'y ha aucun de tous ses amis qui la console, & tous ses amis l'ont contemnee, & luy ont esté faits ennemis''. | ||
- | א Comment est maintenãt assise seulette la cite tant peuplee ? celle qui estoit grande entre les gens, est faicte comme vefue, la princesse entre les prouinces est faicte tributaire. | + | Robert Estienne (1498-1559), traducteur et imprimeur, édite en 1553 une version protestante de la Bible, version qui sera retouchée à plusieurs reprises par Jean Calvin (1509-1564) et Théodore de Bèze (1519-1605). La version de 1560 présente le texte suivant<sup>[[#10]]</sup> : |
- | ב 2 Elle ne fait que plourer de nuict, ses larmes decoulent par ses ioues : & n'ha nul de tous ses amis qui la console, tous ses prochains se sont portez desloyaument enuers elle, ils luy ont este faicts ennemis. | + | |
+ | א: ''Comment est maintenãt assise seulette la cite tant peuplee ? celle qui estoit grande entre les gens, est faicte comme vefue, la princesse entre les prouinces est faicte tributaire''. | ||
+ | ב 2 ''Elle ne fait que plourer de nuict, ses larmes decoulent par ses ioues : & n'ha nul de tous ses amis qui la console, tous ses prochains se sont portez desloyaument enuers elle, ils luy ont este faicts ennemis''. | ||
La version de 1678, reveu et conferé sur les textes hebreux & grecs par les pasteurs & professeurs de l'Eglise de Geneve, présente bien entendu un texte plus approprié de la fin du XVIIe siècle : | La version de 1678, reveu et conferé sur les textes hebreux & grecs par les pasteurs & professeurs de l'Eglise de Geneve, présente bien entendu un texte plus approprié de la fin du XVIIe siècle : |